Algérie

Le doute par un soir de certitudes



Ils l'ont annoncé depuis avant-hier mais c'est aujourd'hui que le « comité des agréés » se réunira pour décider si c'est demain ou après-demain le début du Ramadhan. Un comité des mêmes zones d'activité avait lui, avec beaucoup de certitudes et zéro doute, affirmé que le jeûne n'avait aucune incidence sur la contamination au coronavirus ou son aggravation. Il aurait été plus logique et surtout plus rassurant que ce soient les scientifiques qui nous disent ça mais bon? de toute façon, ça n'aurait pas servi à grand-chose : Ramadhan, c'est le sacré du sacré. Revenons donc au sujet qui fait « l'actualité » du jour. C'est quand même un tantinet cocasse de publier un communiqué pour annoncer le jour du? doute. On aurait baptisé ce moment la « nuit de la levée du doute », ça se comprendrait, mais la nuit du doute, carrément, c'est quand même un peu paradoxe. Pas grave pour autant, les paradoxes, il y en a beaucoup en l'occurrence dont celui-là, qui n'est pas le moindre : parler du doute là où il est plutôt question de certitudes, ça la fout mal. Surtout que, depuis des années, on ne laisse même plus cette infime partie de « suspense » sur la date du début du jeûne qui donnait un peu de « charme » à cet instant. Ça fait donc longtemps que la nuit du doute fonctionne sur injonction? politique, selon l'utilité du moment. Personne ne s'en est vraiment plaint, sans doute parce qu'il n'y avait pas de quoi. Et ce n'est pas cette fois-ci que ça va commencer. Les Algériens et tous les citoyens du monde ont, en effet, des préoccupations beaucoup plus sérieuses et pour cause, elles sont? vitales. Du coup, il faudra peut-être passer en revue tous les.... doutes qui traversent la tête des Terriens pour mesurer le caractère dérisoire d'une journée de jeûne à avancer, à retarder ou entamer à temps si tant est que ce soit possible. Au début, les Terriens ont donc douté sur l'existence même du coronavirus. On a ensuite douté de ses « capacités de nuisance », de l'ampleur de sa propagation éventuelle, de sa durée dans le temps, de l'évolution des cas vers une épidémie, de l'épidémie à la pandémie et de la pandémie à la? catastrophe sanitaire. Puis, on a douté un peu de tout : de la Chine, de la gravité de la situation dans ce pays puis de ses réussites, des stratégies de combat, des causes de la tragédie italienne, de la thérapie du professeur Raoult comme des arguments de ses contradicteurs, des approximations du Nobel de médecine Luc Montagnier, des évolutions rassurantes, des réminiscences possibles, du déconfinement et du jour où le monde retrouvera une vie normale. Les Algériens ont partagé tous ces doutes planétaires mais ils ont eu les leurs propres. Ils ont douté du fait que le coronavirus puisse les toucher parce qu'ils ont du soleil. Le soleil ne les a pas mis à l'abri, Bonatéro non plus, ils ont commencé à douter des choses sérieuses. Ils ont douté du système de santé de leur pays, de la compétence de leurs dirigeants et leurs capacités de faire face à une pandémie d'une telle ampleur. Ils ont aussi douté de leur propre discipline et de leur disponibilité à observer les mesures de protection sanitaire? La liste des doutes est trop longue pour y ajouter une? nuit. Surtout qu'au bout, il y a une certitude : demain ou après-demain, la question qui était déjà dérisoire en temps normal devient maintenant ridicule.S. L.




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