Le double jeu de Amr Moussa

Après avoir critiqué, dimanche, les bombardements de la coalition sur la Libye qui «s’écartaient», d’après lui, de la résolution du Conseil de sécurité, il a affirmé hier que ses propos avaient été «mal interprétés». «Nous sommes engagés dans la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, nous n’avons pas d’objection à cette décision, surtout qu’elle n’appelle pas à une invasion du territoire libyen», a-t-il déclaré. «Nous travaillons en coordination avec les Nations unies pour protéger les civils en Libye», a-t-il ajouté. M. Moussa a expliqué que ses propos de dimanche avaient été motivés par l’inquiétude de voir des civils pris dans les frappes de la coalition. «Ce qui s’est passé en Libye diffère du but qui est d’imposer une zone d’exclusion aérienne, et ce que nous voulons c’est la protection des civils et pas le bombardement d’autres civils», avait-il déclaré dimanche à des journalistes. Il est clair que le secrétaire général de la Ligue arabe a mis deux fers au feu. Pour l’opinion arabe, il a servi un discours «catastrophé» d’un responsable soucieux de défendre l’intégrité territoriale d’un pays membre.
A Paris, il distille un discours d’une tout autre teneur, à savoir que lui et sa ligue sont tout à fait d’accord avec la résolution 1973. Il est vrai que Amr Moussa, qui brigue la présidence égyptienne, a tout intérêt à jouer sur les deux tableaux, quitte à soutenir une position et son contraire. De la même manière qu’il souhaite se construire une aura chez lui en Egypte, une onction occidentale à sa candidature ne serait pas de trop.
Peut-être que Amr Moussa va dire expressément ce qu’il pense du sujet à l’occasion de la réunion aujourd’hui des délégués permanents auprès de la Ligue arabe au Caire.