Algérie

Le dossier du sahel en partage


Lors de la visite officielle du président français Emmanuel Macron en Algérie, durant trois jours, fin août, exceptionnelle par sa durée autant que par sa chaleur, il semble que les dossiers majeurs, sur la table des discussions, avaient trait à l'économie et...à la sécurité. Pour l'Elysée, le «grand dossier sahélien» est devenu très préoccupant, depuis que les manifestations anti-françaises, dans des capitales de la région sahélienne, tendent à se multiplier. À la grande satisfaction de Paris, des discussions «dans un cadre inédit depuis 1962» ont, en effet, réuni à Alger les plus hautes autorités des deux pays sous l'autorité des chefs d'Etat, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Une première, longtemps espérée par les dirigeants français. «Nous nous sommes retrouvés, avec nos ministres des armées, chefs d'état-major des armées et grands directeurs [du renseignement], avec une volonté d'avancer sur les questions existentielles, stratégiques et sécuritaires qui étaient comme un angle mort, jusqu'alors, dans notre relation», s'était félicité Macron. Appréhender les enjeux de la région, au moment où la France et ses alliés occidentaux dénoncent, à cor et à cri, «l'impérialisme russe» au Sahel, est devenu une priorité de la diplomatie hexagonale et justifie les intenses efforts pour renforcer le partenariat avec l'Algérie, pays incontournable aussi bien au Sahel qu'en Afrique et dans la région MENA. Une action commune, tant au plan diplomatique et politique que sécuritaire, figure parmi les priorités du gouvernement français même s'il a encore du mal à se départir de certains réflexes contre-productifs comme celui des personnes frappées d'expulsion du sol français sans que la véritable nationalité soit clairement établie.Les grands défis qui se posent au Sahel vont, bien sûr, au-delà des seules menaces terroristes alors que Paris entend «faire preuve de pédagogie» pour convaincre Alger de la nécessité de s'engager à ses côtés, dans l'intérêt supposé des pays concernés, à savoir le Mali, le Burkina et la Guinée. La France qui voit dans l'Algérie un pays «proche des dirigeants maliens et lié historiquement à la Russie» souhaite transcender la «neutralité de façade» de notre pays et même bousculer son principe immuable de non-intervention dans les affaires intérieures de pays tiers. Or, il ne s'agit pas là d'un «principe de confort», mais d'une doctrine actée par la Proclamation du 1er Novembre 1954 et les appels à «une moindre prudence» ne sauraient suffire à transgresser de tels fondements de la Nation algérienne. Qui plus est, la diplomatie de notre pays est parfaitement aiguisée pour savoir quels doivent être son rôle et ses missions sur le continent africain ainsi que dans tous les pays qui font face à des tentatives de déstabilisation, voire de sabordage de leur souveraineté. Il en va ainsi du Sahara occidental pour lequel la position française semble peu conforme à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen et dont il faut espérer, à la lumière des récents évènements qui voient l'Etat sioniste s'imposer militairement et aggraver les tensions sur le sol maghrébin, qu'elle honore enfin les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur du droit du peuple sahraoui à son autodétermination. Fort heureusement, d'autres sujets semblent plus propices à une «parfaite convergence de vues», malgré quelques réserves, somme toute naturelles. Dans le dossier libyen, Paris et Alger partagent a priori des vues relativement proches, et sont favorables à des élections générales qui, seules, permettront au peuple libyen de choisir librement ses institutions comme ses dirigeants légitimes. Et les deux gouvernements s'inscrivent dans le cadre des Conférences de Berlin I et II pour exiger le strict respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la Libye. S'agissant du droit du peuple palestinien à un Etat indépendant, avec El Qods comme capitale, conformément aux résolutions de l'ONU et à celles de l'Union africaine et de la Ligue arabe, l'Algérie, qui se prépare à accueillir un 31e Sommet arabe historique dont la question palestinienne aura la centralité, veut trouver dans le soutien de la France un ferment décisif, à l'heure où le peuple palestinien est endeuillé, chaque jour, par les meurtres impunis de l'armée sioniste. Ce faisant, le gouvernement français et Emmanuel Macron seraient, de nouveau, en phase avec la «politique arabe de la France» qui a périclité après le second mandat de Jacques Chirac.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)