C'est officiel. Le fameux dossier de la révision des subventions des prix, qui a fait couler beaucoup d'encre, sera sur le bureau du président de la République d'ici à quatre mois au maximum. C'est le président du Conseil économique, social et environnemental (Cnese) qui en a fait l'annonce. Ce qui n'était que bruits de coulisses et rumeurs colportées par des responsables proches de centres de décision, est finalement devenu une réalité palpable. Le dossier très attendu par les experts, les politiques, l'opinion publique et les associations de défense des droits des consommateurs, devra être décortiqué par les experts du gouvernement, qui aura à statuer sur sa «faisabilité». Le dossier a vu, l'association, selon le président du Cnese, des spécialistes des «syndicats, sociologues et experts du conseil» à même de garantir «une vision et des solutions consensuelles». «Il y aura une refonte générale sur de bonnes bases par rapport aux normes internationales», expliquera Reda Tir, en marge des travaux de la rencontre sur l'eau tenue à Alger. La méthodologie préconisée par le Cnese, étant de passer d'une subvention des biens et des services à une subvention des revenus. Comme nous l'avions explicité lors de nos précédentes éditions, le système de révision des subventions sera progressif, afin d'assurer un passage en douceur à même d'éviter des dommages collatéraux, dont un impact brutal sur les bas revenus et les couches dites moyennes. La suppression progressive des subventions touchera l'ensemble des secteurs et des services, jusqu'à une application totale de la «vérité des prix». Les aides de l'Etat seront concentrées autour des démunis, des bas salaires et des couches moyennes, à travers des revalorisations substantielles des revenus. Cela aussi, en tenant compte du pouvoir d'achat et du Salaire national minimum garanti (Snmg). Une équation difficile à mettre en oeuvre si l'on mesure la défaillance du système statistique et d'information désuet de l'administration algérienne. C'est l'exemple de la Solidarité nationale qui, malgré un large éventail d'outils performants dont dispose ce secteur, peine à produire la moindre information sociale. Cela, faute de méthodologie et d'approche adéquates, faut-il le signaler. Le collectif des experts préconise également une rationalisation des dépenses de l'Etat, notamment pour ce qui est des subventions des prix de l'eau, de l'électricité et des télécommunications. Les experts du Cnese et associés prônent une guerre contre le gaspillage, à travers des mesures graduelles et progressives, contenues dans le rapport qui sera présenté au président de la République. Une rationalisation des dépenses et des ressources sera également au centre des recommandations émises par ces experts. L'exemple des solutions préconisées par le Cnese dans le dossier de l'eau, renseigne sur la tendance générale à emprunter dans ce cadre. On notera, à ce propos, les propositions du rapport Tir à travers trois packs de tarifs applicables de l'eau notamment: «Un tarif solidarité eau», «un tarif social» et enfin «un tarif confort». Une rationalisation de la gestion de l'eau passera, désormais, par une révision de la grille tarifaire et de la loi sur l'eau pour sortir de cette crise de stress hydrique, mais aussi pour désengager l'Etat par rapport à ce dossier. Il y a lieu de rappeler que le président de la République, lors de la récente interview accordée au magazine Le Point avait annoncé la relance du dossier, affirmant que «le projet est en cours d'élaboration, j'attends l'élection des assemblées -Parlement et assemblées locales - pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique et social et environnemental (Cnese) et les élus», devait-il conclure. Il a également rappelé qu'«aux premières années de l'indépendance, les millionnaires se comptaient sur les doigts d'une seule main. Maintenant, l'Algérie compte des centaines de milliardaires. L'Etat social reste un principe valable pour les classes moyennes et démunies, mais les plus riches ne doivent plus être concernés par les subventions...». Il y a lieu de rappeler que «le volume des subventions consenties annuellement par l'Etat à l'effet d'assurer la disponibilité des produits de large consommation, dépasse souvent les 60 et 70% du prix réel de la plupart des produits». D'où l'urgence du traitement de ce dossier, surtout face à la raréfaction des ressources financières, dues à la double crise, celle économique et sanitaire mondiale.
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Posté Le : 10/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed OUANEZAR
Source : www.lexpressiondz.com