Algérie

Le DOK et les gardes, où est la «mouchkila» '



Le DOK et les gardes, où est la «mouchkila» '
Les gardes communaux, algériens, ont marché de nouveau, et DOK, ministre de l'Intérieur, cotuteur des parapoliciers municipaux à parlé. Parlé ' Ce n'est pas seulement une litote, mais un euphémisme de bienséance. DOK, qui a l'habitude de ne pas faire dans la dentelle, n'a pas lésiné sur les moyens pour sortir la grosse Bertha contre des gardes qui campent depuis quelques jours dans un camp de fortune, non loin de la base aérienne militaire de Boufarik. A la place des canons à eau, le ministre a dégainé le placard publicitaire dans nombre de journaux algériens pour arroser les désinformateurs tapis dans les rangs des gardes communaux et incrustés dans les colonnes de la presse ! Pour dire que, pour l'essentiel, c'est-à-dire, de son point de vue, l'argent, tout a été réglé, en concertation permanente avec les concernés. Pour souligner aussi qu'à l'impossible juridique nul n'est tenu, pas même un DOK de bonne volonté. Tout ça est bien vrai, mais il y a un petit «mais», un hic même, peut-être aussi un lézard. Car DOK est futé et a les arguments techniques bien affutés ! Et c'est là où le bat blesse. Et c'est même là où il a blessé le baudet communal qui y a vu une man'uvre pour faire perdre aux communaux la bataille de l'opinion. Derrière l'argumentaire technique bien construit, il est vrai, il y a, en filigrane, l'idée que les gardes communaux ne seraient finalement que des enfants gâtés de la République généreuse. Pis encore, qu'ils seraient des jusqu'auboutistes qui versent dans la surenchère, par l'odeur des pétrodollars alléchés ! Que nous apprend donc DOK ' D'abord que les gardes sont représentés dans une commission de travail mixte et une cellule permanente de suivi. Rien donc d'exceptionnel pour celui qui veut régler un problème complexe. Ensuite, que les salaires, hors prime du couffin et allocations familiales, ont été valorisés, de manière substantielle, dit-il. Or, même après revalorisation, ce n'est pas le Pérou pour la garde communale. Constatation faite, le plus haut gradé des gardes, en l'occurrence un chef de détachement, perçoit, après seize ans de service, l'exacte mensualité de 40.919,11 dinars, soit de quoi s'acheter 33,5 kg de viande de mouton durant le Ramadan ! Pour le reste, à savoir les retraites, les pensions d'invalidité et la prise en charge des ayant droit des gardes victimes du terrorisme, quoi de plus normal que leur prise en charge ' Tout cela est bien, bien fait même, et c'est tout à l'honneur du ministère de l'Intérieur et à l'avantage, même relatif, des gardes communaux. Mais, entre DOK et les hommes en bleu de la Garde, où est la «mouchkila» ' Le problème, et il est de fond, existe et résulterait de demandes irréalistes et inflationnistes des gardes, telle cette indemnité de «rupture de relation de travail», d'un plafond de 5 400 000 dinars. Ou bien, cette demande d'une carte d'ancien combattant antiterroriste, un statut que les communaux partagent déjà, de fait, avec les policiers, les gendarmes et les autres militaires. Ou encore le reclassement des gardes versés dans la Fonction publique, à des niveaux supérieurs que ne leur permettrait pas leur niveau d'études. En somme, on peut dire, de l'avis de DOK, que le ministère de l'Intérieur, qui cogère le dossier des gardes avec l'ANP, qu'il a fait tout ce qu'il a pu. Il aurait d'autant plus fait preuve de bonne volonté que leurs demandes, jugées rédhibitoires, se heurtent au plafond de verre de la législation. A point de vue légal, point de vue légitime des gardes plutôt victimes d'une absence de textes clairs qui auraient mieux appuyé les décrets qui les régissent depuis la création de leur corps en 1996. Ils ont certes un statut légal, mais un statut bancal, tricoté dans l'urgence et bâclé dans son application. Statut bâtard, tricoté sous la pression des événements, pour faire face à l'urgence de combattre l'hydre terroriste. Or, les communaux, qui ne sont pas des volontaires comme les Patriotes, lorsqu'on en a fait, par décret primo-ministériel, des candidats à la mort pour 6 000 dinars de base, on ne leur a pas demandé d'avoir un niveau universitaire pour crever au maquis ! Le problème que posent les gardes communaux, au-delà de la sympathie ou de l'antipathie que leur mouvement suscite, est finalement d'ordre éthique. Leurs demandes ne sont pas si exorbitantes ni si farfelues que ça. Ils veulent juste un statut, un vrai, pas une situation surréaliste qui ne fait d'eux, en droit et en devoir, ni des policiers ni des gendarmes, à plus forte raison des militaires. Qu'on en juge : ces obscurs soldats de la dignité, hier en première ligne, éclaireurs, pisteurs, informateurs et chair à canon, dépendent désormais du ministère de la Défense qui ne les considère pas comme étant des militaires en tenue ou même des PCA, c'est-à-dire des personnels civils assimilés. Ils ne sont pas non plus des policiers ou des gendarmes. Et, pour leur infortune, leur niveau scolaire ou universitaire ne leur permet pas de bénéficier dans la Fonction publique de catégories et de grades socialement valorisants. Les gardes communaux sont dans un no mens land juridique, une sorte de territoire semi-légal nommé Absurdistan. Ne pourrait-on pas les considérer comme des Moudjahidine, ce qui leur permettrait de bénéficier des avantages et du régime dérogatoire dont les anciens maquisards de l'ALN, les fils de chahid et les ayants-droit bénéficient ' La recette finale ' Un statut clair, qui ne fait pas d'eux des membres d'un corps de sécurité, sans armes juridiques et sans les avantages des frères de combat d'hier. Y ajouter une pincée de considération, un zeste de respect et un chouïa d'estime pour que nos gardes gardent l'estime de soi.
N. K.


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