Le dogme et la solidarité

Effarant, en plus d'inquiéter, un bilan émis par l'ONU renvoie une image qui devrait nous indiquer que la situation actuelle du monde ne devrait pas autoriser la conscience à s'arrêter au décompte des événements aussi spectaculaires qu'ils soient. La pandémie est passée et le Covid presque maîtrisé. Non par le savoir des hommes mais par leur faculté innée à s'adapter et vaincre les périls qu'ils affrontent. De plus, l'énorme préoccupation est au réchauffement climatique pour devenir à tort le principal souci.La majorité des Etats font fi d'un abcès sidéral, source de tous les maux vécus aujourd'hui, éludant le principal problème, se laissant entrainer dans un paradoxe qui alimente avec force un dérèglement de la marche du monde autrement plus grand que le réchauffement de la planète. Les tentatives inopérantes guidées d'abord par le souci de sauvegarder les intérêts propres des Etats vont à l'encontre d'une large et impérative solidarité seule capable de résoudre les déboires du moment.
Plus de 108 millions d'êtres humains déplacés, plus de 35 millions réfugiés, près de 6 millions de demandeurs d'asile ne sont que les victimes d'un monde où la solidarité entre les hommes n'est qu'effleurée en fonction de l'intérêt et du besoin de chacun. L'apitoiement offert aux millions d'errants désespérés n'est finalement qu'un ravalement de façade dont la réelle signification s'identifie à la manifestation de la crainte de voir des intérêts contrariés. Il ressemble au sentiment qui empoigne les vivants quand ils accompagnent les morts à leurs dernières demeures.
Sans doute ne faudrait-il plus se nourrir d'illusions. Le sens accordé à la solidarité a une essence dévoyée sinon détournée. La charité bien ordonnée qui commence par soi-même est un dogme gravé chez l'être humain par les cieux depuis la nuit des temps. Ce dogme s'est renforcé de plus en plus. Il s'est inscrit en lettres d'or et a forgé une chaîne dont le prolongement va de la cellule familiale à la société pour aboutir à toute l'humanité.