Le docteur Latreche Salim, médecin-chef au pavillon des urgences de l'EPH de Kherrata, a rendu l'âme en fin de journée samedi dernier, à l'hôpital Frantz Fanon de Béjaïa.Un ami de tout le monde», «un médecin formidable», «un soldat du devoir»? Les messages de sympathie sont nombreux et sincères. Il s'est donné foncièrement pour sa noble mission de soigner les gens, au risque de sa vie. Le Dr Latreche Salim, médecin-chef au pavillon des urgences de l'EPH de Kherrata, a rendu l'âme en fin de journée samedi dernier, à l'hôpital Frantz Fanon de Béjaïa, où il était hospitalisé depuis quelques jours, contaminé par le SARS-CoV-2.
Il n'avait que 42 ans. C'est le premier médecin que l'épidémie du coronavirus a fauché dans la wilaya de Béjaïa. Et c'est la deuxième victime que l'on déplore à l'hôpital de Kherrata en l'espace de cinq jours, après la mort, le 6 avril, d'un agent de sécurité, Djenane Tahar, 52 ans, emporté par la même épidémie. Le personnel médical, notamment à Kherrata, est sous le choc.
«J'ai perdu un confrère, un ami et un frère. Nous avions fait l'université de Tizi Ouzou ensemble. C'est une grosse perte. Il avait beaucoup donné et avait un grand c?ur. Il était bien avec tout le monde, calme et toujours souriant», témoigne, ému, le Dr Mebarki Seddik, médecin au sein du même EPH. «Il a trimé pour préparer le service des urgences à affronter l'épidémie avant qu'elle n'arrive. Les urgences, c'est le front. Il travaillait même avec une grippe ou une fièvre, et ne rechignait pas à remplacer un collègue absent. Nous constituons une petite famille ici», nous dit encore le Dr Mebarki.
Jusqu'à hier, le personnel médical de l'hôpital de Kherrata a reçu 56 personnes atteintes ou suspectées du Covid-19 ; 14 y sont hospitalisées. «Nous devions y faire face», affirme notre interlocuteur. «Lorsqu'il m'arrive de stresser, et bien que je sois ici avant lui, il savait comment me redonner confiance. En termes de compétences, d'assiduité ou autres qualités, ce que je pourrais dire de lui ne suffira pas pour le décrire», confie encore le Dr Mebarki.
Avant d'arriver à Kherrata, le Dr Latreche Salim était passé par le CHU de Béjaïa, où il avait fait son stage, avant d'exercer à la polyclinique de Sillal, à Tifra. Un jeune médecin qui a payé de sa vie son engagement, comme le font en ce moment des contingents d'hommes et de femmes de la santé, avec un sens du sacrifice dans la lutte contre le Covid-19.
«Lorsqu'il a été mis en isolement à l'hôpital Frantz Fanon, il voulait être transféré à Kherrata. Il me disait qu'il voulait être avec nous. Mais ce n'était pas possible. Au début, il avait bien évolué et nous avions grand espoir, mais d'un coup, sa santé s'est dégradée. Finalement, ce virus n'épargne personne», nous dit, bouleversé, le Dr Mebarki. «Ce n'est pas facile, nous sommes déprimés», ajoute- t-il.
Cinq médecins et deux infirmiers de l'EPH sont actuellement en isolement à l'hôpital de Kherrata. «Ils se portent très bien», nous rassure le directeur de l'EPH, Behlouli Rayed. «Nous ne nous sommes pas encore remis de la mort de Djenane Tahar, voilà que nous perdons le Dr Latreche», déplore-t-il affecté par cette disparition, rendant aussi hommage au défunt Djenane qui était de garde lorsqu'il a été évacué pour détérioration de son état de santé.
A ce jour, 482 personnes travaillent à l'hôpital de Kherrata, dont 26 généralistes, 13 spécialistes et 140 infirmiers. Le 6 avril, des citoyens les ont acclamés en signe de soutien lors d'un rassemblement devant l'établissement, où ils ont accroché une banderole pour leur dire «Un seul héros : le secteur sanitaire».
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Posté Le : 13/04/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K Medjdoub
Source : www.elwatan.com