Le djebel Zouaoui approché par Gérard de Bélair
Découverte du djebel Zouaoui
avec l'association de l'environnement d'Ibn Ziad
Gérard de Bélair
Parcourir la route d'El Hamma Bouziane à Ibn Ziad, c'est franchir des paysages, d'abord marqués par de nombreux vergers, puis progressivement par les céréales à perte de vue. Enfin, se dressent les murailles calcaires du djebel Zouaoui. L'ensemble de la région se révèle très diversifié : une immense plaine vallonnée, surmontée de toutes parts de collines au relief plus ou moins tourmenté, percé de grottes encore peu explorées. Mais, cette vision est très superficielle.
Elle apparaît beaucoup plus riche à qui veut l'explorer, sac au dos et à pied. Ce fut la proposition de cette équipe de l'association, riche de ses composantes : habitants d'Ibn Ziad, appartenant à toutes les catégories de la société et rassemblant, qui la connaissance du terrain (passionnés de leur région et de son riche patrimoine paysager, floristique, faunistique, spéléologique, hydraulique…), qui des connaissances universitaires (géologues, forestiers, hydrogéologues, etc.), qui avides de découvertes… Chacun s'est ainsi ouvert aux connaissances des autres.
Ce qui est frappant, c'est la diversité des habitats, que nous pouvons découvrir au fur et à mesure que l'altitude augmente.
De très nombreuses sources, jaillissant au pied des djebels ou de dépressions humides, présentant des espèces nombreuses : grand Lin, Scirpes, Joncs, Laîches, Heleocharis (sorte de Scirpe, Souchet des marais), petite Salicaire, Renoncules, Chèvrefeuille, Potentille, Oenanthe ou Véronique, parfois noyés dans la Ronce (allaïq).
Des châabas, prenant parfois l'allure de véritables petits canyons, bordés de Peupliers blancs, de Saules blancs ou pédicellés, Cyclamens, Queue de cheval, souvent très denses et quasi impénétrables ; cette végétation protège ainsi les rives de ces petits oueds et préserve la qualité de ses eaux.
Malgré l'apparent surpâturage, un maquis bas d'une extrême richesse continue à ses développer. Il est composé principalement de Diss et de Calycotome épineux, à l'abri desquels se réfugie une multitude d'espèces, dont certaines spéciales à la région : Astragales, Sainfoins, Germandrées (dont une espèce connue dans toute l'Algérie pour ses vertus cicatrisantes), Aspérule odorante, Réséda, Thym cilié, Lin ténu, Lin gallique, Bugranes, Origan, Mélandre blanc, Trèfles et Coronilles…
Encore un peu d'altitude et nous accédons à une nouvelle formation : celle du Chêne vert en pleine floraison et recélant nombre d'espèces arbustives, vivaces ou annuelles : Azerolier (zârour), Calycotome (guendoul), parfois dispersée une Papilionacée à odeur désagréable, Anagyris foetida (Bois puant), Daphné (Garou, Sain-bois, lezzaz), Centaurées, Liserons rose et violet, Panicauts, Pulicaire, diverses Rubiacées (ou Gaillets)…
Et puis, le trésor des trésors de la région : une formation de Pistachier de l'Atlas (betoum) à la frondaison hémisphérique, en fruit, au milieu de laquelle un Caroubier (kharoub), probablement multicentenaire, malheureusement incendié, mais surmontant « courageusement » ce handicap. Un parterre d'annuelles l'accompagne.
A proximité et en aval de cette formation, une formation rupicole présentaient Cotylédon ombilic de Vénus, Cétérach officinal, divers Orpins, Osyris alba (Rouvet) ; il est probable que d'autres espèces plus printanières seraient à y découvrir.
Et il ne faudrait pas négliger la variété des espèces messicoles ou de jardins : Gueule de loup, Coquelicot, Saponaire, Proboscidea lusitanica (qorn mâaza), Ecbalium elaterium (concombre sauvage : parfois utilisée contre la jaunisse et diurétique violent, Bit el Ghoul), Corne d'abondance, Pallenis spinosa (nougd, rebian)…
Ce panorama serait très incomplet, si nous négligions la traversée inopinée des ruines de villages romains, perchés au-dessus de ces petits canyons, qui assuraient leur défense, ou, cachées dans des replis de terrain à l'abri des vents dominants, les ruines de villages détruits depuis la guerre d'Indépendance et jamais reconstruits. Des cœurs d'enfants, de femmes et d'hommes ont battu dans ces maisons en pierres grises, taillées à même le djebel, des mères de famille ont confectionné la kessra, tandis que leurs maris accompagnaient les troupeaux dans le djebel.
Quant à la richesse de la description géologique et stratigraphique de la région, elle appartient aux personnes compétentes ; grâce à ces dernières, nous avons appris l'âge et la composition minérale des roches composant le djebel Zouaoui et son ancienneté… A suivre ou poursuivre…
N.B. Un listing de la centaine d'espèces observées ou prélevées sera bientôt à la disposition de l'Association, si elle le désire !
Sortie avec l'association "El Mebdoue"d'Ibn Ziad en date du 28/5/2009.
Articlé inséré dans le blog par A.Karaali le 1/6/2009
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Posté Le : 11/06/2009
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Gérard de Bélair
Source : djebel-ZOUAOUI-Qacentina.blog4.com