Algérie

Le dispositif anti-spéculation à l'épreuve



Chaque année l'Algérien retrouve les mêmes attitudes et pratiques qui se reproduisent tel un stéréotype durant le mois de Ramadhan. Les spéculateurs attendent le citoyen lambda aux aguets. Il devient malgré lui une proie facile de ses monstres qui profitent de la spécificité de ce mois pour réaliser des bénéfices injustifiés.Depuis des décennies c'est la même rengaine qui revient sans pour autant que la situation ne change ou que les lignes bougent. On en parle aisément et abondamment du mois de Ramadhan comme étant le mois de la solidarité et de l'entraide. Est-ce vrai que ce mois reflète réellement ce penchant de la solidarité'
Les questions se multiplient et se succèdent à propos de ce mois dont les poches du citoyen sont la cible des commerçants véreux et des spéculateurs qui agissent sans scrupules et toute honte bue.
Le premier jour du Ramadhan est vu par les citoyens lambda comme un spectre qui les guette gravement à cause de l'alliance sacro-sainte des commerçants sans foi ni loi pour faire boire aux démunis et aux laborieux le calice jusqu'à la lie. La flambée vertigineuse des prix devient un sport durant ce mois pour ces suceurs de sang.
C'est le mois où les augmentations sont perceptibles sur tous les produits alimentaires de large consommation. Les viandes rouges, les viandes blanches et les fruits et légumes se transforment en un véritable chantage ahurissant de la part de certains commerçants et spéculateurs qui voient dans ce mois le moment de saisir l'opportunité pour frapper fort et cibler les Algériens.
Les pouvoirs publics répètent, aussi, chaque année dès l'avènement du mois du Ramadhan qu'ils s'apprêtent à mettre en oeuvre des programmes qui sont susceptibles de parer à la flambée des prix et la propagation éhontée des pratiques spéculatives. Le millier et plus de marchés de proximité initiés cette année sont-ils une réponse suffisante à la problématique de l'inflation subite et souvent injustifiée que connaît le mois sacré' Il est encore tôt de répondre à cette question, mais cela ne saurait tarder, sachant que l'on aura le fin mot de l'histoire dans les tout prochains jours. Si les prix ne baissent pas rapidement, cela voudra dire que le dispositif n'a pas fonctionné comme il devait l'être.
Il faut dire, néanmoins, que la tâche des pouvoirs publics s'en trouve bien compliquée par des comportements scandaleux de certains commerçants véreux qui recourent à la pratique de la spéculation. Ils font souvent fi des mesures prises par les autorités centrales et locales.
Face à cette situation, disons-le, récurrente, la responsabilité de la société est engagée, en ce sens que l'acteur qu'est la société civile n'est visiblement pas assez présent dans l'équation commerciale qui se résume en un face-à-face entre l'Etat et les spéculateurs. Il reste que ce déficit de communication est à mettre sur le compte des pouvoirs publics qui, malgré des moyens juridiques et autres pour asseoir la loi et bannir ces pratiques illégales et criminelles, ne fait pas contribuer les Algériens à cette lutte implacable contre les spéculateurs. Il n'existe pas un dispositif simple donnant au citoyen l'occasion de dénoncer en instantané une pratique spéculative. On a vu le kilo de semoule se vendre à deux fois son prix, sans trouver le moyen de confondre séance tenante un commerçant véreux.
Ainsi, face à la hausse des prix d'une manière exponentielle durant le mois de Ramadhan, le citoyen est démuni et les pouvoirs publics dépassés par l'ampleur de la tâche.
Cela n'absout pas l'Etat de sa responsabilité. Il est interpellé pour intervenir dans la perspective de corriger ces dysfonctionnements qui ont renversé les priorités et les rôles en même temps.
Il ne faut pas agir d'une manière occasionnelle, il ne s'agit pas d'un contexte conjoncturel passager. Il faut revoir de fond en comble la stratégie quant à la gestion des affaires publiques. Les intérêts des citoyens lambda relèvent des intérêts vitaux de l'Etat et ses institutions. Sévir et agir d'une manière ferme pour défendre les démunis et les citoyens lambda, c'est là un devoir de l'Etat à l'adresse de son peuple.
Il est temps de s'interroger et rompre avec la culture de chacun pour soi et reprendre l'initiative citoyenne pour bannir les comportements qui portent préjudice à l'intérêt public et au citoyen.


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