Algérie

Le discrédit par anticipation



Le discrédit par anticipation
Des candidats font des promesses qui dépassent les mairesDans les villes et villages, la campagne électorale pour les élections locales du 23 novembre prochain s'emballe. Les candidats en lice dans les 1 541 communes du pays investissent le terrain, à travers des sorties de proximité, des meetings et autres activités.
Si certains font preuve de prudence dans leurs discours, d'autres se laissent emporter par l'ambition et lancent des promesses qui pourront ne jamais être honorées une fois arriver au siège du Président de l'APC. La raison est simple. D'abord, les maires n'ont aucune prérogative pour réaliser des projets de développement. Ensuite, la réalisation des projets promis dépend du financement qui, lui, provient du Trésor public, donc du bon vouloir des autres autorités. En effet, la majorité des élus locaux se plaignent du rétrécissement de leurs attributions qui les réduisent à de simples gestionnaires des déchets ménagers, des parcs roulants et des cantines scolaires. Ils sont sous le joug des chefs de daïras et des contrôleurs financiers. Les candidats le savent. Et pourtant, ils s'engagent sur des projets qui les dépassent. Dans leurs programmes, ils inscrivent des projets liés à l'alimentation en eau potable, au raccordement au réseau de gaz naturel, à la construction des routes et des réseaux d'assainissement. Ils s'engagent même sur la réalisation de zones d'activités pour lesquelles les pauvres maires n'ont aucun pouvoir. «En réalité, un maire et tout l'exécutif communal dépend de la bonne volonté de l'administration, en premier lieu le chef de la daïra où est rattachée la commune et surtout du contrôleur financier qui, dont beaucoup de cas, est un élément de blocage de développement», explique un maire en fin de mandat. Certains élus qualifient le contrôleur financier de «super maire». Membre de la commission des marchés, présidée par le P-APC, ce contrôleur financier peut bloquer un projet s'il donne un avis défavorable. Son avis peut annuler une décision de tout l'exécutif. Le code de la commune n'accorde en effet que peu de prérogative aux élus locaux, appelés pourtant à faire face aux problèmes quotidiens des habitants de leurs communes. Lorsque les citoyens, en colère, protestent contre un problème posé, ils se dirigent directement au siège de l'APC pour fermer. Et pour régler ce problème, les élus ne peuvent rien. Si c'est un problème d'eau qui est posé, c'est la direction des Ressources en eau de la wilaya concernée qui doit intervenir. Si c'est un problème d'électricité ou de gaz, c'est à Sonelgaz qu'il appartient de trouver une solution. «Nous savons que les pouvoirs du maire sont très limités. Mais nous savons aussi que son principal travail est d'être comme une sorte d'intermédiaire entre les citoyens et ceux qui détiennent les vrais pouvoirs. Ce que nous promettons comme projet, nous allons les défendre auprès des pouvoirs publics afin d'arracher la concrétisation. Après donc un combat pour se faire élire, commencera un autre combat afin de tenir nos engagement», explique un candidat indépendant.
Une chose est sûre : en faisant des promesses, les futurs élus participent à se décréditer, à moins que le code communal qui sera révisé ne leurs donnent plus de prérogatives et de pouvoir à même de tenir leurs engagements. Dans un entretien à un quotidien national, Mohand Amokrane Cherifi , membre du présidium du FFS et expert de l'ONU, a estimé que «la révision des Codes communal et de wilaya doivent nécessairement les doter (les élus) des moyens juridiques de promouvoir le développement de leur territoire».


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