Algérie

« Le discours de Mohammed VI est inamical »



 Le roi du Maroc, Mohammed VI, est monté d'un cran dans son discours d'avant-hier. Il s'est vivement attaqué à l'Algérie, qualifiée d'« adversaire de l'intégrité territoriale (marocaine) » et l'accuse entre autres d'entraver le projet d'autonomie marocain et d'hypothéquer les relations bilatérales' Quelle est, d'après vous, la portée réelle de ce discours ' Même si nous avons été habitués à ce type d'escalade, il n'en demeure pas moins que c'est un discours d'une extrême virulence. Il est vrai que le discours en lui-même ne me m'a passurpris : Mohammed VI a toujours pris comme prétexte l'anniversaire de l'invasion du Sahara occidental pour s'attaquer à l'Algérie. Cette fois-ci, il l'a fait nommément et avec des termes inamicaux et très inconvenants de la part d'un chef d'Etat.Ce qui est par contre surprenant, et en même temps contradictoire, réside dans cette posture adoptée par le roi du Maroc. D'un côté, Mohammed VI use d'un ton des plus belliqueux, et de l'autre, appelle à une normalisation des relations algéro-marocaines en militant auprès des Occidentaux pour faire pression sur l'Algérie pour la réouverture des frontières. On ne peut pas tenir un discours aussi inamical vis-à-vis d'un voisin et venir ensuite lui demander de rouvrir les frontières. Ce discours truffé de menaces proférées à l'égard des « adversaires » internes et externes du Maroc préfigure-t-il d'une répression à grande échelle ' Le discours est destiné à la consommation interne. Il cherche davantage à désigner un bouc émissaire pour les problèmes internes nés du verrouillage des champs politique et médiatique, les impacts de la crise mondiale sur le Maroc. Il faut dire aussi que dans les relations entre les Etats, il n'existe pas de discours à usage interne ou à usage externe. De telles déclarations, émanant de la voix la plus autorisée du Maroc, son souverain, sont inacceptables.  Pensez-vous qu'il y a un lien entre ce « ton belliqueux » et le soutien de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, au processus de décolonisation du Sahara occidental de l'ONU ' Le gouvernement marocain a peut-être été surpris par les déclaration de Hillary Clinton. Peut-être qu'il s'attendait à mieux. Mais Mme Clinton, dans ses déclarations lors de sa visite au Maroc, a clairement appuyé la démarche de l'ONU. La secrétaire d'Etat US est restée en phase avec les résolutions des Nations unies.  Mohammed VI cherche-t-il à imposer la voie de fait en annonçant dans son discours qu'il allait faire « bénéficier les provinces sahariennes de la primauté dans le processus de régionalisation avancée », prélude à l'octroi du statut d'autonomie ' Les Nations unies ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental qui est, à ce jour, considéré comme territoire sous administration de l'ONU. Cette mesure est interne au Maroc. Elle n'aura aucun effet sur les Etats de la région et sur ceux qui ont toujours appelé à un règlement pacifique et négocié de la question sahraoui.  L'UE paie chaque année des millions d'euros au gouvernement du Maroc pour permettre aux navires de l'UE de pêcher dans les eaux au large du Sahara occidental. Un cas flagrant de violation du droit international... L'Union européenne n'a pas le droit d'exploiter ces ressources dès lors qu'il s'agit d'un territoire sujet à un processus de décolonisation. Si l'UE le fait pas, c'est par cupidité économique, sans plus. En conséquence, le Maroc n'a aucune autorité en territoire sahraoui, les eaux territoriales incluses.


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