Algérie

Le directeur de l'hôpital n'a dû son salut qu'en sautant depuis la fenêtre de son bureau



Lundi, aux environs de 16 heures, le directeur de l'EPH Mohamed-Boudiaf de Bouira, n'a dû son salut qu'en sautant depuis la fenêtre de son bureau pour échapper à la furie d'une trentaine de citoyens qui ont envahi son bureau.D'après les informations recueillies, hier mardi, les faits étaient liés au décès d'une patiente suspectée du Covid-19 et qui se trouvait d'ailleurs au niveau de ce service. 24 heures plus tard, des parents de cette défunte, se sont présentés à l'hôpital pour prendre la dépouille mortelle. Là, des agents de sécurité, puis les personnels soignants et aides-soignants, leur ont expliqué que la procédure exige le retour des résultats pour décider de la levée du corps. Non convaincus par cette réponse, ils se sont dirigés vers le bureau du directeur situé au premier étage pour exiger de lui la signature du document. Ce fut dans ces moments de cacophonie générale que le directeur a sauté depuis la fenêtre.
Hier, alors qu'il était en convalescence chez lui, M. Boutemeur Djamel que nous avons contactés et après nous avoir rassurés sur son état de santé, nous relatera les faits : «Il était environ 16 heures quand une trentaine de personnes, se proclamant parents d'une vielle dame, décédée la veille, voulaient coûte que coûte défoncer la porte de mon bureau pour m'obliger à leur délivrer le document de sortie de la dépouille. Excédés, ils ont menacé les deux secrétaires qui leur ont expliqué les procédures d'usage et l'impossibilité de la faire sortir avant de connaître les résultats des tests. A un moment, le ton était monté et craignant pour ma personne pour avoir vécu un épisode similaire durant la matinée avec une autre défunte, où une soixantaine de membres et alliés avaient menacé d'envahir mon bureau. Ils ont été refoulés qu'après la venue en renfort de la police, j'ai dû sauter par la fenêtre de mon bureau pour éviter toute mauvaise rencontre avec ces gens en furie». Notre interlocuteur, précisera qu' il s'en est sorti miraculeusement avec une entorse au pied.
Hier, dans la matinée, et n'en pouvant plus de supporter toutes ces pressions dues d'abord à la charge de travail , ensuite aux mauvais traitements qu'ils subissent de la part des citoyens, le plus souvent des accompagnateurs des malades, les centaines de soignants et aides-soignants ainsi que le personnel administratif, ont organisé un sit-in de solidarité avec leur directeur, en exigeant des pouvoirs publics une bonne protection.
La pandémie du Covid-19 ne cesse de se propager d'une manière fulgurante. Chaque jour, de nouveaux cas sont enregistrés, augmentant ainsi la pression sur l'équipe médicale, mais également sur les auxiliaires et le personnel administratif. Des appels et des actions de sensibilisation quant à la nécessité de respecter les mesures barrières comme le port du masque, ou encore la distanciation sociale, sont rappelées au quotidien à travers plusieurs canaux d'information, radio, journaux, télévisions et bien entendu, les réseaux sociaux. Cependant, malgré toutes ces opérations, une certaine frange de la population, continue à faire fi de toutes ces recommandations. Avec le résultat que l'on voit, hélas ! Rappelons que dans l'après-midi, la DSP a rendu public un communiqué dans lequel, elle dénonce énergiquement l'agression dont a fait l'objet le directeur de l'hôpital Mohamed-Boudiaf de Bouira,
M. Djamel Boutemeur et réitère sa solidarité envers ce responsable et tous les personnels, médical et administratif, qui accomplissent leurs tâches avec abnégation malgré tous les risques inhérents aux dangers de la pandémie du Covid-19.
Y. Y.


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