Algérie

Le diplomate qui forçait l'admiration



Dans la soirée d'avant- hier, la chaîne de télévision Echourouk News a tenté de restituer dans un documentaire la dimension politique et diplomatique de l'inoubliable, Seddik Benyahia, dont on commémorera, en mai prochain, le 40e anniversaire de sa disparition. Des membres de sa famille, d'anciens collègues à lui, au ministère des Affaires étrangères et au gouvernement, ont apporté leurs témoignages qui valent tous reconnaissance et admiration devant les qualités de cet homme, que Claude Chayet, ancien ambassadeur de France au Vietnam qualifiait en 1970 d' «intelligence rare». Natif de Jijel, le 30 janvier 1932, Mohamed Seddik Benyahia était d'extraction sociale modeste, mais a réussi malgré toutes les entraves à effectuer de brillantes études pour obtenir une licence en droit à l'université d'Alger. Un challenge rare pour son époque et surtout vu sa condition sociale. «Devant les Français avec lesquels il étudiait, il était toujours le premier», a affirmé son neveu le professeur Nibouche. « Il a fait partie des élèves qui ont brillamment réussi leurs études, ce qui était très rare à l'époque, surtout pour les Algériens qui étaient considérés par l'Etat colonial comme de sous-citoyens», souligne le moudjahid et ancien ministre Abderrahmane Belayat. « Ses études étaient déjà un défi: il a eu l'audace de pousser plus loin que d'autres étudiants autrement plus nantis. Cela n'était pas dû au fait que sa famille était riche pour lui payer ses études. Bien au contraire, Benyahia était issu d'un milieu pauvre, mais il défiait les Français, malgré toutes les entraves», appuie pour sa part le prolifique Kamel Bouchama, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports. Révolutionnaire de la première heure, l'enfant de Jijel marqua de son empreinte militante des pages les plus valeureuses du Mouvement national jusqu'à l'indépendance, avant d'apporter sa contribution à l'élan d'édification du pays. En 1955 déjà, il a fait partie des membres fondateurs de l'Union générale des étudiants musulmans algériens avec Ahmed Taleb Al Ibrahimi et Lamine Khene. Il était également parmi les organisateurs de la grève des étudiants algériens qui rejoignirent les rangs du FLN le 19 mai 1956. Issu de la même région que Ferhat Abbas, Jijel, avec qui il avait des liens étroits, Mohamed Seddik Benyahia adhère au Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques en 1951, dont il se retira par la suite. Il croyait à la lutte armée alors que l'UMA avait une autre idée de la révolution. Benyahia avait le militarisme pour l'indépendance du pays dans l'âme et dans le corps. «Pour accéder à sciences politiques en France, on lui avait fait passer un test pour connaître ses motivations et ses réponses étaient sans équivoque: il était foncièrement révolutionnaire, il a parlé de liberté des peuples opprimés», raconte Nibouche. «Il était révolutionnaire par l'action et homme d'Etat par la stratégie», témoigne pour sa part Belayat qui trouve en lui «toutes les qualités pour faire partie de l'élite qui a préparé et mené la révolution», avant de trancher: « Mohamed Seddik Benyahia était une personnalité forgée d'acier. Il n'est pas du genre à divulguer des secrets ni à nuire à une autre personne. Ce qui constitue de cet homme une vraie immunité pour la Révolution.». Diplômé en droit en 1954 de l'université d'Alger, le jeune Benyahia s'est fait remarquer sur la scène politique et s'est vu même confier d'importantes missions à l'étranger, à l'instar de la conférence de Bandung en 1955 à laquelle l'Algérie, qui était en guerre contre le colonialisme, avait pris part en tant que pays observateur. Benyahia, alors âgé de 23 ans, faisait partie de la délégation algérienne présidée par Hocine Ait Ahmed et M'hamed Yazid. «Avec le travail accompli en profondeur par Mohamed Seddik Benyahia dans le milieu estudiantin, le FLN s'est constitué un bras intellectuel», soutient le professeur Abdelhamid Aberkane.Le jeune militant a vite imposé son charisme et gravi les échelons dans la hiérarchie de la glorieuse Armée de Libération nationale (ALN) en devenant le secrétaire général de la présidence du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), et membre de la délégation algérienne aux négociations des Accords d`Evian en 1962. Il avait également représenté, aux côtés de Rédha Malek, le GPRA, lors d'une rencontre de négociations le 28 octobre 1961 à Bâle, en Suisse.
La deuxième partie du documentaire d'Echourouk News qui sera diffusée, samedi prochain, traitera du rôle joué par le défunt diplomate dans l'Algérie indépendante.


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