Algérie

«Le dinar aurait dû perdre 40% contre le dollar»



«Le dinar aurait dû perdre 40% contre le dollar»
Dans votre exposé «Algérie : comment sortir de l'impasse budgétaire '» vous préconisez une dépréciation du dinar. Dans quelles proportions pensez-vous qu'elle devrait être 'Les exportations algériennes composées à près de 95% d'hydrocarbures libellées en dollars ont chuté de près de 50% en dollars au premier semestre 2015, par rapport au premier semestre 2014.Dans le même temps, les importations algériennes n'ont reculé que de 10%, et ce, essentiellement grâce au recul de l'euro par rapport au dollar. Il en résulte que le dinar aurait dû mécaniquement perdre 40% de sa valeur contre le dollar entre juillet 2014 et juillet 2015. On devrait être aujourd'hui à un cours de change de 130-140 dinars/dollar.Vous évoquez aussi, comme de nombreux économistes, la question des subventions. Croyez-vous qu'en l'état actuel des choses, il serait aisé pour les pouvoirs publics algériens d'opérer des arbitrages douloureux du point de vue social 'Il faut prioriser les réformes et les arbitrages. Le gouvernement a évoqué une carte de rationnement pour l'essence achetée à un prix subventionné, ce qui est une bonne idée. Cela commence à être appliqué en Egypte. Dans un second temps, il faut remettre à plat les subventions implicites à l'énergie accordées aux industries lourdes (cimenterie, sidérurgie) en les conditionnant à des objectifs de performance et de développement des exportations.Enfin, pour les matières alimentaires de base (poudre de lait, céréales, farine, huile), une refonte du dispositif actuel permettrait de mettre fin au gaspillage, d'encourager la production locale ? en redirigeant les subventions des consommateurs vers les producteurs locaux ? et réduire ainsi à la fois la facture d'importation et les dépenses publiques, tout en limitant l'impact sur le prix des produits à mesure que l'offre nationale prendra le relais des importations. Dans tous les cas, les actions d'urgence devraient être conjuguées avec le déploiement d'une stratégie à moyen et long termes.Vous préconisez également la participation du privé dans les projets de réalisation d'infrastructures. Cependant, cela pose deux problèmes : en premier, le fait que le gouvernement algérien considère certaines infrastructures comme étant dans le champ de la souveraineté et, en second lieu, les capacités de réalisation des entreprises algériennes qui, à l'exception de deux ou trois, sont très faibles. Comment prendre à bras le corps ces problématiques 'Le financement des infrastructures ne peut plus être réalisé sur une base purement budgétaire. Mis à part pour quelques projets dits de souveraineté, la majorité des projets d'infrastructures devra être réalisée sur financements non budgétaires (crédits bancaires, montages de type PPP, financements concessionnels de la BAD ou de la Banque mondiale). Le FRR pourrait ainsi que je le propose être transformé en fonds national pour les infrastructures.La réalisation des projets devrait systématiquement associer les entreprises nationales (publiques et privées) et étrangères dans le cadre de consortiums mixtes avec des transferts de technologie et de formation pour les entreprises algériennes à la clé, ainsi que le réclame à juste titre le FCE.La capacité de réalisation n'est pas un problème déterminant. Le secteur privé national a beaucoup évolué ces dix dernières années, notamment dans la construction où des groupes algériens disposant d'une taille critique et de réelles capacités managériales sont apparus.




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