Algérie

Le dilemme du paiement de rançons



Le ministre nigérien des Affaires étrangères a reconnu que les pays les plus puissants n'ont pas adhéré au principe de la criminalisation du paiement de rançons aux groupes terroristes preneurs d'otages.

« La résolution onusienne 1964 interdit effectivement le paiement de rançons mais elle n'est pas allée jusqu'au bout de sa logique, à savoir obliger tous les pays de le criminaliser,» a-t-il déclaré. Pour le MAE du Niger «ce sont les pays étrangers dont les ressortissants risquent d'être pris en otage, qui refusent de criminaliser ce paiement. C'est une difficulté pour nous.» Ce sont, à ses yeux, «très souvent des acteurs politiques qui sont dans des situations particulières comme celle où ils font des calculs électoraux qui refusent de franchir le pas.» Il affirme ainsi que «dans ces cas, c'est très difficile pour certains Etats -et ce sont les plus puissants- qui ne veulent pas y adhérer. Ce n'est pas notre cas, ceci ne nous dérange pas, au contraire on veut que les textes soient plus fermes.» Il schématisera la situation de ce refus par le refus des médias de ne pas couvrir des faits sensationnels. «Si les médias cessent de couvrir les actes terroristes d'El Qaïda, et que personne n'en parle, et décident d'un black-out total, ce serait bien, El Qaïda s'arrêtera de le faire puisqu'elle ne sera pas médiatisée,» explique-il. Mais relève-t-il «il est tout aussi difficile de convaincre les médias de ne pas faire dans le sensationnel que les pays qui refusent de criminaliser le paiement de rançons, de l'accepter.»

Interrogé sur la prolifération des armes dans la région, le ministre délégué algérien a fait savoir, comme l'a fait le général américain de l'Africom, que la responsabilité du contrôle des armes en circulation relève en premier du CNT. «Nous avons appris que les questions sécuritaires figurent parmi les priorités des nouvelles autorités libyennes. Nous sommes optimistes,» dit-il. La lutte antiterroriste et le rétablissement de la sécurité et de la paix dans la région concernent pour l'instant selon Messahel, les pays du champ. «Nous sommes le premier cercle, ça peut s'élargir à d'autres pays, on verra quel est le leadership qui sortira en Libye,» affirme-t-il en précisant que «nous ne sommes pas un cercle figé.» L'appropriation par les pays du champ veut dire, selon lui «le compter sur soi en termes de stratégies politique et sécuritaire de lutte contre les menaces et aussi en moyens financiers.» Il évoquera la transsaharienne que «nous faisons avec nos moyens.» Ne reste à réaliser de ce projet que 220 km au niveau du Niger pour un montant de 183 millions de dollars. Messahel précise que l'Algérie, le Mali et le Niger participent au capital de trois banques pour assurer le financement de projets faisant la jonction entre le Nord et l'Ouest. «Ce qui montre que nous avons des capacités propres mais il est évident qu'on a besoin des autres pour assurer les moyens colossaux du développement,» dit-il.

La participation de la Chine et de la Russie à la conférence d'Alger montre selon lui, «qu'ils s'intéressent à notre pays.» Il avoue cependant que «tous les pays ont des intérêts dans la région, les Etats-Unis, la France, la Chine, mais nous sommes en droit d'établir des canaux de discussions. Nous sommes dans une logique de partenariat et non d'ingérence.»

A la question si les pays du champ ont fait des demandes précises aux partenaires extra régionaux, le MAE du Mali a répondu par la négative. Mais, précise-t-il «le partenariat entre nous est militaire, dans la formation, les équipements et l'échange de renseignements.» Il considère cependant que la coopération entre les pays de la région, au sein du CEMOC, connaît «une avancée importante par les études effectuées, les actions à mener, les procédures de commandement, les manÅ“uvres, les interventions, ceci en attendant qu'il arrive à un niveau de spécialisation plus élevé.»

Messahel renchérit «on se comprend très bien entre nous.» Pour plus de précisions, à propos de la coopération militaire entre les pays de la région, il ajoute «ce n'est pas dans nos traditions d'envoyer des troupes.» Il note que «très souvent, les interventions étrangères peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur les pays et les populations.»

A propos de la fin de la guerre en Libye, le ministre délégué a dit simplement que «tout le monde s'accorde pour que cesse toute activité militaire et que les institutions se mettent en place.» Et conclut «nous sommes inscrits dans cette logique et chacun doit apporter son aide à sa manière pour que ça se concrétise et que la Libye puisse avoir des institutions conformes aux standards universels de la gouvernance mondiale.»




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