Algérie

Le dilemme d'une élection



Placée sous le double signe de la pandémie de Covid-19 et du conflit en Ukraine, l'élection présidentielle 2022 en France se retrouve face à un double risque. D'abord, celui d'une abstention qui n'a jamais été aussi menaçante. Toutes les projections convergent pour dire qu'elle pourrait se situer en deçà de celle de 2002 lorsque le candidat de l'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, tortionnaire volontaire au sein de l'armée française durant la guerre de Libération nationale et père de la candidate du Rassemblement ou Front national étiqueté, était passé au second tour. Un véritable électrochoc pour une France qui ne mesurait pas le danger. Le contexte qui a marqué la campagne, funestement escamotée dans ses débats et plombée par son manque d'intérêt aux yeux de l'électorat, pourrait à la limite expliquer cette probabilité que semble confirmer le taux de participation enregistré à la mi-journée: il était de 25,48% à la mi-journée, soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. En Nouvelle-Calédonie, il était de 33,04% deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, contre 41,80% cinq ans auparavant. Pourtant, ce ne sont pas les sujets qui manquent, entre les questions de l'énergie, les changements climatiques avec une catastrophe qui prend forme de plus en plus ou les bouleversements géostratégiques partout dans le monde et, notamment, en région méditerranéenne et en Afrique. À cela s'ajoute le bilan effroyable de dizaines de millions de morts et de laissés- pour- compte que le coronavirus a infligé. À l'heure où tout indique que la mondialisation imposée en 1991, au lendemain de la chute de l'ex-URSS, est à bout de souffle, la France constate une indéniable déconnexion entre le champ politique et la conscience citoyenne. Un constat qui en comporte un autre, celui qui confirme la mobilisation traditionnelle des électeurs de droite par rapport à une abstention, de plus en plus élevée, de l'électorat de gauche, particulièrement les jeunes. Désabusés, disent certains analystes. Plutôt, écoeurés par des discours gavés de promesses sans conséquence sur leur réalité. D'où l'attachement, de plus en plus prononcé, au seul véritable enjeu, celui du pouvoir d'achat, sur lequel la candidate de l'extrême droite a surfé constamment. Aussi, l'hypothèse Jean-Luc Mélenchon est-elle improbable. Mais au cas où, elle signifierait un grand bouleversement pour la Gauche à quelques semaines des législatives. Derrière une image bon enfant, confortée par l'outrance d'un rival surgi de nulle part, Marine Le Pen porte toujours l'étendard d'une idéologie brutale, dans son essence comme dans son dessein. Et si elle promet de respecter les lois et la Constitution, elle n'en a pas moins la détermination de procéder à leur révision pour les adapter à son programme réel, qui vise, principalement, les «étrangers» et les musulmans. Si le premier tour va consacrer sa présence au second, pour la seconde fois, les probabilités pour que ses chances augmentent sont, également, accrues. L'élan de 2002 sera-t-il, alors retrouvé' Quand des millions d'électeurs n'ont plus la moindre foi dans les promesses, il est hasardeux de tenter un pronostic. Sachant que le résultat officiel ne sera pas connu avant 20h locales, les bureaux de vote ayant tous fermés leur porte, les électeurs pourront méditer à loisir le choix qu'ils devront faire le 24 avril: garder Macron ou tenter le diable.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)