Algérie

Le difficile pari du gouvernement



Le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a évoqué samedi la nécessité d'orienter les fonds alloués par l'Etat à l'importation des céréales vers la subvention aux agriculteurs en vue de soutenir la production locale des céréales et de concrétiser l'objectif de la sécurité alimentaire. Lors d'une plénière à l'Assemblée populaire nationale consacrée au projet de loi des finances 2022, M. Benabderrahmane a déclaré : "Sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le gouvernement a procédé à l'examen de la révision des prix des céréales en vigueur, une étude qui sera transmise au chef de l'Etat pour trancher..." Selon le Premier ministre, les dépenses de l'Etat pour l'importation de blé doivent être affectées à la subvention aux agriculteurs, afin de pouvoir le produire localement en quantités suffisantes à même de satisfaire les besoins nationaux, soulignant la nécessité de se diriger vers la production au lieu de l'importation.Des experts dans le domaine de l'agriculture approuvent cette décision, mais posent toutefois certaines conditions. "Si cette mesure est prise dans le but de substituer la production locale à l'importation, cela est une approche louable", affirme l'expert en agro-économie, Mohamed Amokrane Nouad. Cependant, nuance-t-il, pour atteindre un tel objectif, il faut, au préalable, définir une stratégie pour ne pas vivre des épisodes de pénurie de pain, de semoule, de farine... "Il faut dès le départ préparer le terrain, savoir quels types de céréales produire. Celles que l'on peut produire aisément et celles avec difficultés, et celles avec lesquelles on peut substituer réellement les importations...", relève M. Nouad. L'on doit tenir également compte du fait que l'Algérie est un grand consommateur de céréales et un gros importateur de ce produit. "Et si l'on décide de supprimer les importations, faudrait-il, conséquemment, changer le modèle de consommation des Algériens '" s'interroge-t-il. Mohamed Amokrane Nouad tient à préciser aussi que la sécurité alimentaire, à laquelle aspire le gouvernement, est assurée par un ensemble de produits et ne se résume pas uniquement aux céréales.
Notre interlocuteur note, néanmoins, qu'en réduisant les importations, l'on pourra diminuer les subventions et atténuer, un tant soit peu le phénomène du gaspillage lorsque l'on sait que des dizaines de millions de baguettes de pain, pour ne citer que cet exemple, sont jetées annuellement à la poubelle. "Si cette mesure est avalisée par le président de la République, quel serait, dans ce cas, le rôle, voire l'utilité de l'Office interprofessionnel des céréales OAIC '" s'interroge encore notre source. Car, argue-t-elle, l'OAIC détient le monopole sur le marché, puisqu'il est le principal importateur et fournisseur des minoteries. La collecte (la production nationale) de l'Office est évaluée à 20% des besoins nationaux. Les 80% de la demande, soit environ 70 millions de quintaux, sont issus des importations.
En termes plus clairs, les usines de transformation sont essentiellement approvisionnées par les marchés étrangers ; un élément important dont doivent tenir compte impérativement les décideurs. Par conséquent, la mission principale de l'OAIC n'aurait plus sa raison d'être avec l'élimination des importations. Autrement dit, les minoteries n'auront pas besoin d'un intermédiaire pour s'approvisionner en matières premières (céréales). Il leur suffit pour cela, suggère Amokrane Nouad, de signer des conventions avec les producteurs.

B. K.


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