Algérie

Le difficile pari de Saâdani



Le difficile pari de Saâdani
Annoncé en grande pompe il y a quelques mois et disposant désormais d'une permanence dans une villa cossue sur les hauteurs d'Alger, le front de soutien au programme du président de la République auquel a appelé le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, dénommé "Initiative politique nationale pour le progrès dans la cohésion et la stabilité", peine à agréger autour de lui les partis les plus influents sur la scène politique. Hormis les traditionnels courtisans, quelques personnalités en quête de recyclage politique, une brochette de partis pour la plupart saisonniers dont on peine à retenir les initiales ou encore quelques organisations satellites, si l'on excepte aussi le parti Taj d'Amar Ghoul et, à un degré moindre, l'UGTA, dont le premier responsable s'est montré discret, se décline comme une "quincaillerie politique", une "structure de bric et de broc politique", sans assise, ni programme et encore moins de vision politique. On ignore si son initiateur ne se hasarde pas pour l'heure à en dévoiler ni les contours ni les desseins, mais l'initiative, au regard du peu d'engouement qu'elle suscite, risque de faire long feu. Ni le RND, ni le FFS, ni les partis de l'opposition regroupés au sein de la CLTD, et encore moins ceux rassemblés autour du parti d'avant-garde des libertés de l'ex-candidat à la présidentielle, Ali Benflis, des structures partisanes qui disposent d'un gisement électoral non négligeable, ne semblent pas très chauds à l'idée de rejoindre cette Initiative qui leur reste ouverte, selon les propos de Saâdani. Même le MPA du désormais ex-ministre Amara Benyounès, un moment laissant planer le doute, donne des signes d'un parti en quête d'un repositionnement sur l'échiquier politique, maintenant qu'il est en rupture de ban avec l'Exécutif. "Ils appellent à un front intérieur pour immuniser l'Algérie. Oui, nous voulons un front intérieur, mais qu'on sache que la seule chose qui peut immuniser l'Algérie contre l'intervention étrangère, c'est la démocratie. Il n'y a pas d'autres solutions en dehors de la démocratie. La solution n'est ni dans l'islamisme ni dans le parti unique", a-t-il lancé, avant-hier, lors d'un meeting dans son fief à Aïn El-Hammam, en Kabylie. Evoquant les différentes initiatives lancées par les divers courants politiques, Amara Benyounès, dans une allusion claire à Saâdani, se montre réfractaire : "Nous devons construire une opposition forte, car sans une opposition forte, le pays ne peut pas tenir." "Ceux qui sont contre que l'opposition s'exprime et qu'elle s'organise ne sont pas des démocrates, ils veulent nous reconduire à la case de départ", ajoute-t-il. Il est vrai que Saâdani, dans une entreprise de ratisser large, joue sur le registre du patriotisme et de la peur en exhibant les menaces aux frontières, ce qui devrait confiner, à ses yeux, au rassemblement de toutes les forces vives de la nation, tout comme il assure que "l'initiative appartient à tous et que le FLN n'aura qu'une seule voix, au même titre que tout le monde", histoire de lever les soupçons sur des ambitions présidentielles que certains lui prêtent, ou encore que le soutien à Bouteflika se veut "un soutien à une institution", mais il reste que, faute de vision et de démarche claires, ses arguments peinent à trouver preneur. Et les grosses écuries ne se bousculent pas au portillon. C'est dire que l'Initiative s'annonce comme un pari laborieux et handicapé à bien des égards. Encore plus que le secrétaire général, hormis de devoir s'appuyer sur des organisations pour la plupart sans crédits et intéressées, devrait avoir le souffle long pour résister à la guerre d'usure que ne manquera pas de lui livrer le mouvement de redressement. Mais au-delà, cette Initiative signe la ligne de fracture entre les diverses propositions formulées jusque-là. Autant dire que le "rassemblement des forces" ou le "consensus" s'annonce compliqué, voire impossible.K.K.




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