Algérie

Le difficile ménage



Les économistes suggèrent que l'on fasse table rase des m?urs managériales qui ont prévalu jusqu'ici, en privilégiant la bonne gestion et l'autonomie de la décision et de la comptabilité.Le gouvernement compte remettre en selle la privatisation des entreprises publiques. Il ne dit, cependant, pas comment et sous quelle forme il doit conduire cette opération. Selon les dires de beaucoup de personnes, "dans un contexte économique complexe, il est beaucoup plus difficile de dire exactement ce qu'il faut faire en la matière, quand il faut le faire et comment il faut procéder".
"Cela ne signifie pas que l'Exécutif devrait se résigner et ne rien faire", ainsi que le soulignent certains experts. "Il doit rester réaliste et admettre qu'il faut régler une fois pour toutes le problème de management des entreprises publiques car, depuis des années, nous débattons constamment des mêmes problèmes", ajoutent-ils.
Ali Hamani, ancien cadre des Fonds de participation de l'Etat, estime que l'idée de la privatisation pourrait être une "solution envisageable" pour les entités publiques. Il s'interroge, toutefois, sur de nombreux sujets : "La question essentielle est de comprendre quelles sont les entreprises qui tireront profit de cette opération.
De quoi parle-t-on quand on évoque la privatisation des entreprises publiques ' Que faire des nombreux actifs négatifs qui encombrent le secteur public '" "Voilà autant de questions auxquelles on n'a pas encore de réponses", dit-il.
Ali Hamani recommande que l'actuel gouvernement se donne un objectif central, celui de "replacer l'univers de l'entreprise publique au c?ur du tissu économique et industriel vivant, c'est-à-dire de dépasser l'approche traditionnelle d'exploitation, les méthodes passéistes".
Ali Hamani remonte le temps, rappelant que "tout au long des années 70 et jusqu'au milieu des années 80, l'entreprise publique évoluait dans un contexte marqué par une conception instrumentale de l'entreprise, dans un système de planification centralisé et de gestion administrée des principaux leviers de régulation de l'économie".
"L'entité économique a été conçue comme le principal vecteur du processus d'industrialisation et de développement économique et social, mais aussi comme le prolongement de l'Administration centrale et locale et l'instrument de l'action des différents gouvernements qui se sont succédé", poursuit-il.
"C'est dans le cadre d'un tel système que s'était progressivement organisé l'effort de construction et du développement de l'économie nationale qui aura permis l'émergence d'un tissu industriel appréciable fondé sur l'industrie lourde et orienté quasi exclusivement vers les attentes et les besoins du marché intérieur", note-t-il.
"Ce système de gestion administrée et hiérarchisée avait favorisé les surcoûts et gaspillages de toutes sortes et s'était traduit par la déstructuration financière des entreprises publiques et leur endettement systématique", déplore notre interlocuteur.
Dans la foulée, Ali Hamani fait observer que "dans cette configuration du secteur public, datant de plusieurs années, l'Etat était et est toujours omniprésent, gardant la mainmise sur la décision concernant l'entreprise publique, y compris des décisions insensées et irréfléchies".
"Au fond, dit-il, tout le mal qui ronge l'entreprise publique vient de là", soulignant la nécessité que "cela doit changer, que ce soit dans le cadre de la privatisation ou de tout autre cadre de réorganisation du secteur public".
"De mon point de vue, l'essentiel est de parvenir à mettre en place une industrie tournée vers la performance et il existe des entreprises publiques qui pourront y contribuer, parce qu'elles ont un marché", suggère Ali Hamani.
De son côté, Souhil Meddah, expert financier, fait remarquer que les idées exposées n'en sont, en fait, qu'au stade de la réflexion préliminaire et que le gouvernement n'a pas encore indiqué son intention de procéder à une privatisation partielle ou totale.
Cela dit, l'expert estime que "c'est une bonne chose que l'Etat mobilise l'épargne, en faisant participer, par exemple, les petits porteurs à l'ouverture du capital des entreprises publiques, par le biais de la Bourse, tout en gardant la gestion de l'entreprise sous son contrôle".
C'est une option parmi d'autres. Meddah affirme, néanmoins, qu'il "ne sera pas possible de réaliser grand-chose, avec des sociétés déstructurées". Car, argue-t-il, "on ne pourra pas faire entrer l'entreprise publique en Bourse sur la base d'un bilan négatif".

Youcef SALAMI


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