Algérie

Le dialogue, rien que le dialogue



Le dialogue, rien que le dialogue
De l'Egypte où il s'est rendu en provenance des Emirats arabes unis, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a mis sur la table un « embryon de feuille de route » dont il espère qu'elle sera prise en charge par la communauté onusienne. Aux journalistes qui s'interrogeaient sur une éventuelle initiative française, jugée prématurée, le ministre s'en est remis au bon soin de la communauté onusienne, en conclave depuis hier, à laquelle il revient le droit de « définir quelle feuille de route la communauté internationale peut se donner collectivement sous l'autorité des Nations unies, en coopération avec les autorités (libyennes basées) à Tobrouk ». Mais, il est entendu que, face au chaos généré par la loi des armes des milices rivales surarmées, la préoccupation, du reste partagée par ses interlocuteurs égyptiens, notamment le président Abdel Fattah al-Sissi et son homologue le général Sedki Sobhi, incite le ministre français de la Défense à pointer du doigt le « risque de globalisation du terrorisme » induit par le Daech en Irak et en Syrie, la situation en Libye, au Niger et dans le Sahel. La thèse française, instruite des retombées de Serval au Mali transmué en Barkhane pour tout le Sahel, se prévaut en définitive du reflux de l'Aqmi et d'autres groupes terroristes qui se « régénèrent et se ressourcent maintenant dans le sud-libyen (...) à la faveur de la déstructuration de l'Etat ». Le « devoir d'alerte » est donc lancé par Paris qui appelle à la riposte internationale. « Face à ces menaces, nous devons agir car notre sécurité collective est en jeu en Syrie comme en Libye, aux portes de l'Europe et de l'Egypte », a souligné Le Drian. Il est ainsi admis que le « printemps arabe » a lamentablement échoué dans sa profession de foi inhérente à la démocratisation imposée par l'Otan, les puissances occidentales et leurs alliés locaux. Tout comme le démantèlement des Etats nationaux a profité à la résurrection organisée de l'Internationale terroriste dans sa forme modérée et radicale. L'effet boomerang agite le Qatar, procédant à l'expulsion manu militari de membres des Frères musulmans égyptiens, accusé par le chef de gouvernement libyen, Abdallah al-Theni, d'ingérence dans les affaires internes de la Libye et de livraison d'armes à des groupes armés. Dans l'?il du cyclone, Doha crie son innocence, qualifie les accusations libyennes d'« allégations infondées » et demande à Tobrouk de ne pas l'impliquer dans les différends internes. Par delà toute forme de polémique, le mal terroriste est fait et s'incruste dans le paysage déstructuré de la « nouvelle Libye » à feu et à sang. La mystification, tant vantée par le missionnaire BHL au service du sionisme et imposée par l'armada de l'Otan, n'a plus cours. Le mode opératoire de l'intervention militaire n'a plus sa raison d'être dans la faillite consommée des « printemps arabes » de la dérive sanguinaire. A juste titre, la promotion de la solution politique a été défendue par le nouveau représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Bernardino Léon, pourtant très critique sur le « processus politique défaillant qui a amené le pays au bord de la guerre civile ». Le représentant, qui a promis de faire d'autres visites en Libye, a estimé qu'« il ne faut pas rater la petite fenêtre d'opportunité qui est devant nous pour trouver une solution pacifique à la crise actuelle ». Cette position de principe de l'Algérie, mettant en grade depuis le début de l'intervention de l'Otan en Libye sur le risque terroriste et la circulation des armes, a été de nouveau rappelée par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, prêt à contribuer à la réussite de toute initiative, dans le cas où les parties libyennes « doivent s'accepter les uns les autres et parvenir à développer un consensus dans lequel la violence sera bannie ». Il est de tradition algérienne de ne pas intervenir dans les affaires intérieures des pays et de favoriser le recours au dialogue pour le règlement des différends. « L'expérience du dialogue n'est pas nouvelle pour nous. Nous l'avons fait récemment avec succès pour le Mali, tout comme nous avons depuis toujours privilégié la concertation dans le traitement de la question palestinienne, méthode qui a permis à cette cause de se hisser sur le plan international », a précise Lamamra qui a également insiste sur le respect des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à ne pas alimenter les parties en conflits en « armes et en pièces de rechange ».




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)