Algérie

Le dialogue interreligieux renforcé



Le dialogue interreligieux renforcé
Le 8 mai 1994 était commis le premier meurtre de religieux chrétiens en Algérie de la décennie noire. Dix-neuf religieux périrent ainsi en deux ans, la plupart étaient Français.LyonDe notre correspondantC'est un paradoxe auquel nous convie l'histoire. L'assassinat de quelques personnalités religieuses en Algérie, il y a vingt ans, multiplia les occasions d'instaurer un dialogue islamo-chrétien dont les fondements avaient été initiés dans les années 1980 en France. La religion était prise en otage d'une tragédie dans laquelle des milliers d'Algériens disparurent. D'autres pays africains, comme le Rwanda, connurent aussi des assassinats de religieux chrétiens. En France, depuis cette époque, face à cette inquiétude, la dynamique du dialogue interreligieux s'est imposée chez les hommes de foi. Lyon en particulier cultive cet échange qui prend d'année en année plus d'intensité avec un important forum en novembre. Marseille en est une figure de proue, comme Nantes et de nombreux autres poumons spirituels qui luttent contre le rejet et la haine.Ce dialogue prend sa vitalité dans la vie quotidienne, en dehors de toute théologie. A Annaba il y a peu, on a eu un exemple de bonne volonté partagée et de rapprochement. Des personnalités religieuses françaises étaient envoyées de Rome par le pape François en Algérie en cette fin d'avril pour participer au centenaire de la basilique Saint-Augustin de Annaba, récemment restaurée : le cardinal Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (auprès du Vatican), Mgr Christian Mauvais, vicaire général de l'archidiocèse d'Alger, et le père Michel Guillaud, du diocèse de Constantine-Hippone.Si la coïncidence a été peu ou pas évoquée, cet événement intervient pratiquement 20 ans jour pour jour après le premier assassinat de religieux chrétiens étrangers le 8 mai 1994. Henri Vergès et Paul-Hélène Saint Raymond étaient abattus dans leur bibliothèque de La Casbah, à Alger. Cela paraît bien loin, et oublié, alors que ce double assassinat était le début d'une liste qui s'arrêta en août 1996 avec le meurtre de l'évêque d'Oran, Pierre Claverie. Entre-temps, seize autres personnes ont été tuées, catholiques, de nationalité française pour la plupart.Si l'histoire aura retenu les sept moines de Tibhirine, décapités en mai 1996, il y eut aussi Esther Paniagua et Caridad Maria Alvarez Martin (octobre 1994 à Alger), les quatre Pères Blancs à Tizi Ouzou, en décembre 1994, à la suite du détournement de l'Airbus d'Air France (Jean Chevillard, Christian Chessel, Alain Dieulangard, Charles Deckers), Denise Leclerc et Jeanne Littlejohn (septembre 1995), Odette Prévost (novembre 1995). Epiphénomène d'une crise violente qui a vu tant d'Algériens mourir pendant ces années noires, ces meurtres n'ont jamais changé la vocation de l'Eglise catholique de vivre en Algérie parmi les musulmans, sans avoir aucune intention de prosélytisme, comme cela a été le cas pour les protestants évangéliques.Pour Mgr Paul Desfarges, évêque de Constantine-Hippone, cité par Radio Vatican, «on peut être ensemble, se dire des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, se parler tout de même, avec un a priori de bienveillance. Dialoguer, c'est affirmer sa propre foi, nous sommes à l'écoute du mystère des autres. La perspective, c'est le dialogue de vie entre croyants, une rencontre humaine dans la vie de tous les jours, un vrai respect réciproque s'installe.»




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