Algérie

Le dialogue de sourds



Le rendez-vous d'hier n'a d'autre fonction que d'éviter un pourrissement total de la situation dans le secteur de la santé.Le Camra et le ministère de la Santé, ont repris langue, hier, sans trop d'enthousiasme de part et d'autre. Une réunion prévue mercredi dernier et reportée en raison du décès de trois médecins résidents de l'hôpital de Douéra par asphyxie au monoxyde de carbone, cet énième round du dialogue ne semble pas apporter une quelconque évolution de la situation, sachant les propos, toujours «amers» des grévistes d'un côté, et la fermeté du ministère de la Santé sur le principe du caractère obligatoire du service civil, de l'autre. Dans l'actualité de cette grève, de loin, la plus dure, qu'a connue le secteur de la santé, on retiendra la décision de boycott du Dems (Diplôme d'études médicales spécialisées) prise par le Camra et largement suivie par les médecins résidents. Avec cet épisode «malheureux» du face-à-face entre les résidents et leur double tutelle, Santé et Etudes supérieures, c'est un point de non-retour qui aura été franchi. Un signe que les grévistes voudraient plus que symbolique sur leur détermination à ne pas lâcher sur leur principale revendication, à savoir le retrait du caractère obligatoire du service civil. Si l'un et l'autre tiennent à maintenir ouvertes les portes du dialogue, il reste que la perspective d'une issue rapide de ce conflit social ne semble pas de mise, en tout cas, pas après la rencontre d'hier. Il faut dire que le ministère de la Santé n'est pas isolé sur la question du service civil, eu égard à l'attitude des Algériens qui ne comprennent pas que les médecins formés par la République refusent d'accomplir leur devoir d'assister médicalement des populations qui, sans l'apport du service civil, seraient totalement hors-champ sanitaire. Cette obligation qui astreint les médecins spécialistes à exercer deux ans dans les régions déshéritées a permis de lutter contre les déserts médicaux. Une remise en cause de cette mesure entraînerait une situation chaotique, avait rappelé le Premier ministre.
Une mesure, faut-il le rappeler, encore soutenue par le principal syndicat des médecins spécialistes, lesquels à travers leur syndicat, le Snpssp, ont dénié au Camra la légitimité d'évoquer le service civil, qui relève spécifiquement des spécialistes de santé publique, et pas des résidents qui au regard de la réglementation sanitaire restent encore des étudiants. L'entrée en scène tardive, faut-il le souligner, du Snpssp ne semble pas constituer un élément majeur dans la donne actuelle, puisque sa récente sortie médiatique n'a pas eu d'effet ni sur les grévistes ni sur le reste du personnel médical. Il restera donc dans ce feuilleton interminable l'incontournable face-à-face Camra-ministère, dont personne n'attend grand-chose pour le moment.
Le rendez-vous d'hier n'avait d'autre fonction que d'éviter un pourrissement total de la situation dans le secteur de la santé. Les médecins résidents savent certainement que pareille perspective ne les arrange pas du tout. Une année blanche dans leur long cursus universitaire, c'est déjà très cher payé. Du côté du ministère, la seule idée que la crise perdure est vue comme une véritable catastrophe. L'un et l'autre sont donc dans une posture incontournable et le perdant se trouve être un système de santé qui se voit distancer par celui de la petite Tunisie, nouvelle destination pour de nombreux malades algériens. A méditer.


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