Algérie

Le devoir de soigner et la nécessité de se protéger



"Je suis entre le marteau et l'enclume. Je n'ai pas envie de perdre mes voisins et je veux rendre service à mes patients. C'est un véritable dilemme", confesse un pneumologue.Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les médecins privés attendent un geste de la part des autorités sanitaires du pays. En effet, sur les réseaux sociaux, les critiques de la population quant à la fermeture des cabinets privés ont fait réagir ces derniers qui, en dépit du risque encouru, ont pointé du nez en s'organisant davantage avec les moyens du bord.
Des appels ont ainsi été lancés par les médecins généralistes, dentistes et spécialistes, sur les réseaux sociaux pour revendiquer d'abord le droit à l'information et les moyens de prévention individuelle. En effet, cela fait plusieurs jours que des cabinets sont fermés ; cependant les professionnels de la santé installés en privé font de leur mieux pour aider leurs patients. En cela, certains ont changé leurs horaires de travail pour les adapter à la conjoncture sanitaire qui prévaut dans le pays et d'autres préfèrent travailler par téléphone sauf pour les cas nécessitant le déplacement au cabinet.
à Sétif, à titre d'exemple, les pédiatres libéraux qui n'ont rien vu venir des responsables de la santé ont créé une page sur un réseau social sur laquelle ils donnent des conseils. "Sur cette page que nous venons de créer, nous avons ?uvré pour donner le maximum d'informations et d'orientations aux parents afin de prendre en charge leurs enfants à la maison, cependant si le cas nécessite le déplacement au cabinet, nous avons demandé aux parents de nos malades de prendre un rendez-vous à l'avance tout en leur rappelant les consignes de prévention.
À titre d'exemple, nous avons demandé aux parents de rester dans la voiture et de n'entrer au cabinet que lorsque le médecin les appelle, afin d'éviter les rassemblements dans les salles d'attente", nous dira le président du club des pédiatres libéraux de Sétif, le Dr Ahmed Hamza Benahcène.
De son côté, le Dr Ali Mezaghcha, membre dudit club, a précisé que l'initiative des médecins de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, toutes spécialités confondues, et qui a été validée et adoptée par la Direction de la santé est louable. "L'initiative de nos confrères de Bordj Bou-Arréridj est louable et contribue à assurer des soins réguliers aux patients de la wilaya et des communes limitrophes. Ils ont établi des tableaux de permanence et de garde qui permettent d'assurer leurs prestations au niveau des cabinets à travers les quatre coins de la wilaya.
Le tableau est affiché au niveau des pharmacies et diffusé sur les ondes de la radio locale", a précisé notre interlocuteur. Il est à noter que les spécialistes en pneumologie ont décidé de ne pas ouvrir leurs cabinets à cause de l'absence de moyens de prévention les plus rudimentaires dont les masques adéquats et les surblouses qui depuis le début de l'épidémie sont indisponibles au niveau des grossistes et des pharmacies.
"Nous sommes les spécialistes les plus exposés au risque de contamination. Cependant nous n'avons pas les moyens pour faire face à d'éventuels cas porteurs du virus. Nous avons acheté des gants, mais nous n'avons trouvé ni surblouses ni masques adéquats pour nous protéger", nous dira le Dr L. Khoufache, pneumologue à Sétif. De son côté, le Dr Youcef Alloune, pneumologue au chef-lieu de wilaya, a indiqué qu'il n'a pas fermé son cabine, mais ce sont ses voisins, notamment celui du palier, qui lui ont demandé de fermer car le risque est imminent. "Je suis entre le marteau et l'enclume. Je n'ai pas envie de perdre mes voisins et je veux rendre service à mes patients. C'est un véritable dilemme".
Sur un autre volet, les praticiens libéraux ont aussi évoqué une contrainte relative à la garde de leurs enfants. "Je suis spécialiste libéral et ma femme est spécialiste au niveau d'un service transformé pour accueillir les patients suspects de Covid-19 au niveau du CHU. Nous rencontrons un grand problème car nous ne trouvons personne pour garder nos enfants dont le cadet est en bas âge. Nous nous sommes organisés de telle façon à ce qu'elle se rende la matinée au service et moi j'ouvre mon cabinet l'après-midi.
C'est une véritable acrobatie", nous dira un autre médecin. Il est à noter que plusieurs spécialistes nous ont indiqué que les administrations, dont la Cnas, continuent de demander le certificat de maladie chronique pour la mise à jour de la carte Chifa et autres prestations pour les patients alors que les instructions de la tutelle sont on ne peut plus claires.
à souligner que des médecins cardiologues ont aussi décidé d'adapter leurs horaires tout en laissant leur téléphone ouvert pour les malades chroniques. "Le principe dans mon cabinet est de donner un masque à chaque malade qui y entre tout en gardant la salle d'attente fermée afin d'éviter le contact entre les patients qui doivent attendre dans leurs véhicules", nous dira le Dr Benkhodja, cardiologue à Sétif, qui a tenu à indiquer que le stock qu'il a acquis avant la pandémie a été épuisé. Sur un autre volet, notre interlocuteur qui est aussi président de l'association.
Les caravanes médicales de Sétif, a tenu à préciser que "des médecins bénévoles adhérents de notre association ont, sur la page Facebook de cette dernière, laissé leurs numéros de téléphone pour répondre aux questions et préoccupations des malades des régions enclavées". Les pharmaciens d'officine référents qui devaient fournir les moyens de prévention aux médecins installés à titre privé ne sont toujours pas connus à Sétif.
En effet, après l'installation de la commission ad hoc au niveau de la Direction de la santé et de la population de la wilaya de Sétif, les médecins libéraux disent qu'ils n'ont rien reçu. Les organismes compétents n'ont toujours pas contacté les médecins pour leur indiquer les modalités et le lieu d'acquisition desdits produits réclamés par les médecins afin de se protéger dans leurs cabinets respectifs.



FAOUZI SENOUSSAOUI


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