Algérie

Le deuil en partage et fragmentation



Le deuil en partage et fragmentation
Le cinéma algérien adore «célébrer» le deuil, souvent avec peu d'esthétique.Dans Histoires sans ailes, le nouveau long métrage de Amar Tribèche, projeté en avant-première nationale, mardi soir, à la salle Algeria, à Alger, un crash d'avion est un prétexte, presque tout trouvé, pour raconter des histoires de familles. Le crash est invisible, seulement raconté par la une d'un journal que Sarah (Adila Bendimerad) lit pour découvrir la mort de son père (Hamid Remas), un industriel. Lors des funérailles, la mère de Sarah (Souad Sebki) découvre que son mari avait une seconde épouse avec deux enfants. Dépressive, elle est transférée vers un hôpital. Là, Sarah prend les commandes, elle qui avait déjà de mauvais rapports avec son père.Adila Bendimerad, qui a écrit le scénario du film, s'est bien arrangée pour que ce personnage soit dans la centralité du récit presque au détriment des autres. Sarah est rebelle, fume à tout bout de champ, crie, donne des ordres aux employés de son père, commande sa jeune s'ur'adila Bendimerad recycle en fait le même personnage de ses films précédents en lui changeant les postures. Sait-elle faire autre chose à part «théâtraliser» le cri et la révolte devant la caméra 'Comme le drame social de Amar Tribèche est un film choral, on passe à une autre histoire, parfois avec une rapidité déroutante, le montage classique et rigide n'ayant rien pu faire. Un homme (Amar Marouf) est aux prises à des héritiers qui veulent vendre la maison des ancêtres. La mort du fils aîné (Noureddine Alane) dans le crash d'avion complique la situation pour l'homme attaché à son passé. Il est bousculé par un jeune neveu, véritable caricature de l'homme-vorace, qui veut récupérer une partie de l'argent de la vente de la maison.Youssef (Wahid Nehab) est, lui, caricaturiste dans un journal sous le pseudo de Riposte. Il offre un voyage par avion à sa mère au Sud pour compenser un certain éloignement et pour lui faire oublier sa mélancolie. Piochant dans le passé de sa mère, Youssef va à l'encontre de l'homme qu'elle avait aimée dans sa jeunesse, Salah (Ahmed Benaïssa), un architecte à Jijel. La rencontre se fait rapidement comme dans une bande dessinée ! Les deux hommes discutent comme s'ils s'étaient connus depuis longtemps.Et, bien sûr, on ne voit presque pas de caricature de Riposte ! Chahine (Mustapha Laribi), lui, vit dans le tourment après le décès de sa fiancée (Amel Menghad), hôtesse de l'air, dans le même crash d'avion. Il se clôture dans sa chambre. Est-il triste' Ou pense-t-il, en homme égoïste, à son propre destin ' La peinture des émotions dans le film de Amar Tribèche est trop grasse pour ne pas laisser des traces visibles ! Le long métrage est conçu comme un gros feuilleton malgré l'intérêt cinématographique que pouvait suggérer le scénario.Des acteurs, tels que Nadia Talbi, Mustapha Preure et Mohamed Adjaïmi, ont été ridiculisés dans le film, alors qu'ils pouvaient être mieux mis en valeur. Faute de direction d'acteur, les personnages étaient parfois désarticulés, livrés à des situations figées, dépourvues de sens. Le cinéaste s'est trop appuyé sur la musique pour relier les récits, faute d'écriture dramatique qui tient la route.Histoires sans ailes, comme la plupart des films algériens de ces dernières années, maltraite les pères : le père de Riposte est effacé, le père de Sarah polygame et le père de Chahine est absent. Y a-t-il une explication psychologique à cette tendance ' Avec ou sans ailes, le film de Amar Tribèche a du mal à quitter le sol?


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