Algérie

Le désinvestissement risque de tuer El Hadjar L'innovation, la formation et la maintenance, toujours en attente



Le désinvestissement risque de tuer El Hadjar                                    L'innovation, la formation et la maintenance, toujours en attente
Photo : Riad
Par Samira Imadalou
«C'est une escroquerie». C'est en ces termes que l'économiste Réda Amrani qualifie la reprise du complexe d'El Hadjar par ArcelorMittal. Pour la énième fois, l'expert revient sur l'échec de la reprise de 70% du capital du fleuron de l'industrie sidérurgique au Maghreb par Ispat. Cette ouverture n'a rien apporté à l'Algérie à tous les niveaux. C'est-à-dire ni sur le plan technologique ni sur le plan financier. Au contraire, l'Algérie est contrainte d'importer l'acier à hauteur de 90% de ses besoins. «La formation, la maintenance et l'innovation sont les trois points essentiels pour l'industrie sidérurgique. Or, ces trois conditions n'ont pas été assurées par le repreneur», regrette M. Amrani qui rappellera que «pour un investissement de 70 millions de dollars, l'Indien a engrangé des bénéfices de 300 millions de dollars sans rien apporter de plus à l'usine. Le groupe s'est contenté de pomper les plus-values et de les transférer à l'étranger pour consolider ses positions dans d'autres pays». Pour M. Amrani, l'objectif tracé par le groupe indien «de freiner l'essor de l'industrie sidérurgique en Algérie» a été atteint. «La priorité a été donnée au Maroc pour le développement des complexes de Bordj Lasfar, sur la côte Atlantique, et de Nador sur la côte méditerranéenne». Le consultant en industrie estime qu'il y a eu clairement une volonté de casser l'industrie de l'acier en Algérie et les résultats enregistrés par le groupe depuis son arrivée n'en sont qu'une des preuves de son avis. D'où la nécessité de rattraper le coup «en renationalisant le complexe», d'autant que les engagements pris par le groupe en 2001 lors de la reprise du complexe n'ont pas été tenus. «Quand ArcelorMittal est arrivé au complexe d'El Hadjar, tout était prêt pour entamer le travail et lancer de nouveaux investissements. Or, rien n'a été fait», rappellera encore M. Amrani, qui ne maquera pas de parler de «pertes sèches pour l'Algérie et de gains en série pour ArcelorMittal». Cette sortie du spécialiste en industrie intervient dans une période où la filiale d'ArecelorMital en France se débat dans des difficultés en annonçant l'application d'un plan social. Ce qui a justement poussé le gouvernement français à brandir la menace de nationalisation du site de Florange, après avoir demandé au groupe de chercher un repreneur pour l'ensemble du site en guise de sauvetage. Finalement, Arecelor a fini par céder à la pression du gouvernement français en s'engageant à ne pas recourir au licenciement et à investir 180 millions d'euros sur le site durant les cinq prochaines années.Pour sa part, l'Algérie, qui a mal négocié la reprise du complexe d'El Hadjar par Mittal, continue de payer les conséquences de cette ouverture comme le montrent les épisodes de crise que traverse le complexe depuis quelques années. Onze ans après la signature du contrat de reprise, la situation du complexe sidérurgique n'a pas connu d'amélioration.


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