L'aveu du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, jeudi devant le Sénat sur les investissements arabes en Algérie, est lourd de sens et de conséquences.
Alors que jusqu'ici on avait toujours présenté l'investissement direct arabe presque comme un acquis du redéploiement diplomatique de l'Algérie à l'extérieur et une marque de confiance nouvelle pour l'Algérie et ses dirigeants, voilà que l'on reconnaît de la manière la plus officielle que les capitaux arabes en Algérie sont nettement en deçà des promesses d'investissement à coups de projets futuristes de plusieurs milliards de dollars qui ont fait rêver beaucoup d'Algériens. « La démarche de certains investissements arabes en Algérie n'était pas sérieuse », a regretté M. Ouyahia jeudi devant le Sénat. « Nous avons entendu plus de discours que de propositions concrètes », a concédé le Premier ministre qui, par respect aux pays en cause, préfère « ne pas en dire plus ». Relativisant un peu plus loin ses propos M. Ouyahia reconnaît, néanmoins, que cette volte-face de certains investisseurs arabes, concernant le marché algérien, ne s'explique pas uniquement par un manque de « sérieux » de la part de certains investisseurs arabes, mais par les retombées de la crise économique et financière mondiales qui incitent ces investisseurs à revoir à la baisse leurs ambitions à la matière. Tous ces investisseurs du Golfe et d'autres régions du monde arabe, qui se relayaient en Algérie à un rythme ininterrompu les premières années du mandat de Bouteflika et qui avaient droit à un accueil digne d'une visite d'Etat rehaussée par l'incontournable audience avec le chef de l'Etat, ne seraient-ils donc que des marchands de tapis ou de rêve 'Ces promesses d'investissement avaient fait trembler et jalouser les partenaires traditionnels européens de l'Algérie qui avaient cru percevoir dans le nouveau climat d'affaires qui s'ébauchait du moins dans les discours entre l'Algérie et les pays arabes une réorientation de la politique et du climat des investissements en Algérie où les capitaux arabes tiendraient une place de choix. Le réveil aura été brutal pour l'Algérie, qui prend conscience aujourd'hui qu'on nous a, dans certains cas, vendu du discours et du vent. Cette manière candide de gérer les affaires publiques a peut-être profité au président de la République, qui a utilisé cette carte des investissements arabes en Algérie à des fins politiques pour soigner l'image de l'Algérie à l'étranger et la sienne, mais très peu à l'économie algérienne, ainsi que vient de le reconnaître le Premier ministre Ouyahia. La question qui reste posée est de savoir pourquoi avoir attendu tout ce temps pour réaliser que nous avions affaire à des investisseurs peu ou pas sérieux pour reprendre les propos du Premier ministre ' Que de temps et d'argent perdus durant toutes ces années passées à guetter le jour où ces prétendus investisseurs, qui auraient l'Algérie au c'ur, débarqueraient à Alger pour lancer leurs projets d'investissement restés pour une bonne partie à l'état de maquettes ! Entre temps, d'autres investisseurs dans le même créneau, plus sérieux ceux-là, découragés par le battage médiatique fait à un moment donné autour des investissements des pays du Golfe, qui était perçu comme une option politique et économique lourde de l'Algérie, se sont peut-être retirés de la course et ont préféré transférer leurs projets vers des cieux, chez nos voisins dans certains cas, où l'origine et la nationalité des capitaux n'est pas un critère d'éligibilité pour l'investissement étranger.
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Posté Le : 31/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com