Algérie

Le désastre Touareg



La situation sécuritaire dans la région du Sahel se complique. A l'activisme de la nébuleuse terroriste, qui multiplie attentats et kidnappings d'étrangers, s'ajoute désormais la rébellion touareg au nord du Mali. Comme il fallait s'y préparer, la dissémination des arsenaux de l'ancienne armée libyenne met l'ensemble de la région en difficulté. Lourdement armés par le régime déchu de Mouammar Kadhafi, les insurgés du Mnla (mouvement national pour la libération de l'Azawad) réclament tout simplement la souveraineté sur cette vaste partie du territoire malien. Les soulèvements précédents des touareg (1963, 1990, 1992 et 2006), revendiquant des plans de développement régional conséquents, n'ont jamais formulé un tel divorce avec la mère patrie. La guerre est déclarée depuis le 17 janvier 2012 à l'Etat et au régime affaibli du président Amadou Toumani Touré. Plusieurs villes sont déjà sous le contrôle du mouvement scissionniste qui revendique un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU. Tessalit et Kidal tombent après de rudes combats aux armes lourdes. L'étau se resserre sur d'autres agglomérations stratégiques comme Tonka, Léré, Ménaka, Tessit et Tinzawaten. L'armée régulière, qui peine à endiguer les assauts de la dissidence, dénonce l'implication d'anciens officiers libyens recherchés dans leur pays, de mercenaires d'Al- Qaïda et de narcotrafiquants aux côtés des séparatistes du Mnla dans cette agression contre l'intégrité territoriale du Mali. Les populations civiles, isolées et démunies, sont poussées à l'exode. Des milliers de réfugiés, fuyant les combats, affluent déjà vers les pays limitrophes (Algérie, Mauritanie, Niger et Burkina Faso). Cette tragédie rajoute une couche à l'incertitude ambiante qui prévalait depuis des années dans la bande sahélo-saharienne avec de probables effets de contagion sur les pays du voisinage comme le Niger, la Mauritanie ou la Libye. Principal acteur de stabilisation et de sécurisation de la région, l'Algérie, qui a de tout temps assuré une médiation impartiale entre l'Etat malien et la rébellion touareg, a un grand rôle à jouer pour dénouer les fils de cette bombe à retardement. L'arrêt des hostilités et l'ouverture des voies de dialogue entre les deux parties constituent aujourd'hui un impératif pour circonscrire le brasier qui menace toute la zone alentour. La contribution des autres pays limitrophes, notamment la Mauritanie, et celle des puissances qui ont de solides relais dans la région, comme la France, est également nécessaire pour atteindre au plus vite cet objectif. Des pressions multilatérales doivent être exercées sur les deux belligérants pour les amener à se mettre autour d'une table. Les autorités maliennes, et à leur tête le président Amadou Touré, ainsi que la rébellion et son leader Iyad Ag Ghali, doivent prendre conscience des périls encourus pour consentir à rechercher une issue politique consensuelle à la crise. La poursuite de cette guerre nuit énormément aux intérêts et à la stabilité du Mali qui s'apprête à organiser des élections présidentielles au mois d'avril prochain. Elle n'arrange pas, non plus, les populations locales qui survivaient déjà dans des conditions extrêmement difficiles. Un éventuel pourrissement de la situation affecterait automatiquement tous les pays voisins. Le gouvernement de Touré doit reconnaitre ses échecs pour faciliter l'alternance aux commandes. La rébellion doit aussi confesser son erreur de s'être lancée dans la guerre sans préavis aucun. C'est sur ce socle que les parties concernées (intérieures, régionales et étrangères) doivent travailler pour déboucher sur une solution pacifique à cette guerre fratricide.K. A.


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