Le désarroi des voyageurs perdure

Des dizaines de voyageurs, des travailleurs pour la plupart, rejoignent à pied la ville de Tizi Ouzou depuis la nouvelle station de fourgons de transport desservant Ouaguenoun, Aït Aïssa Mimoun ainsi que Boudjima près de deux kilomètres à l’entrée est du chef-lieu de wilaya. «Nous payons chaque jour 50 DA pour venir de notre village. Nous déboursons encore 30 DA (aller-retour) pour regagner la ville de Tizi Ouzou. C’est vraiment trop pour nous les journaliers de dépenser 80 DA uniquement dans les frais de transport, alors que nous habitons uniquement à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. C’est pourquoi, nous nous rendons en  ville à pied», nous a affirmé un homme d’une quarantaine d’années rencontré sur le trajet et que nous avons interrogé. Notre interlocuteur a ajouté : «Les tarifs de transport appliqués par l’Etablissement de transport urbain de Tizi Ouzou (Etuto) doivent être revus à la baisse. Ce n’est pas du tout convenable de payer 15 DA pour deux kilomètres seulement !» Le même constat est perçu également sur l’axe routier, d’environ trois kilomètres, qui relie la nouvelle station de fourgons de transport des Ath Douala, Ouacifs ainsi que Oudhias et Beni Yenni… au chef-lieu de wilaya. Les voyageurs qui font à pied ce tronçon routier se plaignent, eux aussi, de l’augmentation des frais de transport après le déplacement de l’arrêt de fourgons de transport de voyageurs de leur région. A l’ancienne gare routière du centre-ville de Tizi Ouzou, les voyageurs à destination d’Alger continuent de se bousculer tout au long de la journée pour avoir une place dans un taxi. Ils  passent souvent des heures à la station avant de trouver une place pour la capitale. Nous y avons rencontré Omar, un jeune licencié d’une trentaine d’années, originaire des Ath Ouacif, qui  nous a fait part du désarroi qu’il avait vécu pour se rendre au Centre culturel français (CCF) d’Alger pour déposer un dossier. «Honnêtement, nous sommes dans la tourmente, et en plus livrés à nous-mêmes. Il est vraiment très difficile de rejoindre n’importe quel endroit, notamment Alger, à partir du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. Aussi, avec la grève des bus qui perdure, nous sommes livrés au diktat des chauffeurs de taxi clandestins. C’est l’anarchie totale. Nous payons cher et perdons beaucoup de temps en route sans pour autant arriver à l’heure au lieu où l’on veut aller. Nous avons passé plus de quatre heures sur la route pour rejoindre la capitale. La circulation routière était difficile au début de la semaine. Nous étions transportés par un chauffeur de taxi clandestin à raison de 600 DA la place. Nous n’avions pas le choix. Les transporteurs sont toujours en grève et les taxis étaient indisponibles.» Un autre jeune homme, rencontré à l’arrêt des fourgons de transport de voyageurs de Larbâa Nath Irathen, Fréha, Azazga-Tizi Ouzou, témoigne, lui aussi, des difficultés qu’il rencontre quotidiennement pour rejoindre la ville des Genêts, tout en déplorant l’augmentation des dépenses de transport ainsi que la perte de temps en route. «Ces quatre dernières semaines, je fais escale trois fois pour me rendre à Tizi Ouzou. Je passe souvent quatre heures sur la route. De plus,  avant la grève des transporteurs, je payais 100 DA aller-retour, ce mois-ci c’est 180 DA.» Il est à rappeler par ailleurs que le mouvement de grève enclenché depuis plus d’un mois se poursuit toujours, pénalisant ainsi les usagers durant cette période de canicule. Les transporteurs grévistes ont aussi organisé deux opérations escargots et procédé à la fermeture de la RN12 pour protester contre le déplacement de la gare routière. Des actions de protestation qui n’étaient pas sans incident pour les usagers de l’axe routier. Aussi, plusieurs tentatives de dénouer la crise, qui secoue les transports dans la wilaya depuis le 24 juin dernier, ont été entreprises entre l’administration de wilaya et les transporteurs. En vain. Et ce sont les citoyens qui continuent de payer le prix fort.