Algérie

le désarroi des sociétés de gestion des participations (SGP) L'économie administrée de nouveau imposée aux entreprises publiques



Entamé au milieu des années 2000 avec la suppression des holdings publics et la mise en place des sociétés de gestion de participations (SGP), le processus de retour à l'économie administrée est aujourd'hui largement atteint.
Toutes les entreprises publiques économiques sans exception sont en effet retournées, comme au temps du socialisme triomphant, sous le giron des tutelles ministérielles qui leur dictent leurs conduites, procèdent à la nomination de leurs dirigeants et, souvent même, décident d'actes de gestion courants, à l'instar des recrutements et licenciements de personnels. Les ministères de tutelles ont toutefois tenu à préserver la façade de l'autonomie de gestion en maintenant en activité les société de gestion de participations (SGP) qui continuent encore à servir d'interface, en donnant l'illusion de la liberté d'entreprendre dévolue aux entreprises à laquelle tiennent notamment nos partenaires économiques étrangers.
Les SGP auxquelles les pouvoirs publics ont progressivement grignoté les attributions que la législation leur avait pourtant accordées à leur création (relations avec le CPE, supervisons des conseils d'administration et surveillance stratégique des EPE, nomination des PDG, mise en 'uvre des privatisations et autres actions de partenariat, d'investissement et assainissements financiers etc.), ne sont, aujourd'hui, que l'ombre d'elles-mêmes. Leur présence semble à peine tolérée par les pouvoirs publics qui pourraient les faire disparaître à n'importe quel moment, au gré d'une saute d'humeur ou tout autre motif fallacieux. Un risque que les responsables de la trentaine de SGP encore en activité ont, à l'évidence, bien intériorisé en se confinant dans l'extrême prudence et le refus de prendre des risques managériaux qui pourraient se retourner contre eux.
Ces institutions qui avaient connu des moments de grandeur notamment au temps où les privatisations, le partenariat et la restructuration des EPE étaient en vogue, sont aujourd'hui frappées de paralysie. Les SGP visitées nous ont en effet donné une terrible impression de gâchis avec à la clé, un spectacle affligeant de cadres brillants et souvent bien rodés à la très complexe gestion des sociétés par actions, contraints au dés'uvrement. «Depuis ces trois dernières années, nous assistons à la reprise par les ministères des attributions autrefois dévolues aux SGP en violation de la législation en vigueur, se plaint un de ces cadres. Nous sommes aujourd'hui relégués au simple rôle d'informateurs de tutelles auxquelles nous sommes tenus d'envoyer périodiquement des bulletins d'informations sur les activités des entreprises publiques. Nous sommes pourtant formés et expérimentés pour effectuer des taches beaucoup plus valorisantes et utiles pour notre économie».
Les dirigeants principaux des SGP souffrent plus encore de cette situation peu confortable et, dans tous les cas injuste, dans la quelle une série de décisions gouvernementales souvent intempestives les ont relégués. Leur mécontentement est d'autant plus fort qu'il est aggravé par un déni d'augmentation de salaire que leur avait infligé l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui n'avait pas tenu sa promesse d'améliorer leurs revenus salariaux au même titre que tous les autres cadres supérieurs de l'Etat auxquels de substantielles augmentations avaient été consenties.
Un sentiment de découragement et de lassitude continue de ce fait à miner le moral des équipes dirigeantes décidées, pour certaines, à s'impliquer le moins possible dans des décisions à risque. La proximité du départ à la retraite conforte cet état d'esprit chez bon nombre de dirigeants qui commencent déjà à se préparer au job de l'après-retraite, tantôt comme commissaires aux comptes, liquidateurs d'entreprises ou experts au service de bureaux conseils.
La situation de relative vacance de pouvoirs dans laquelle les SGP sont aujourd'hui confinées est, de notre point de vue, trop grave pour rester encore longtemps dans l'état actuel. Trop d'argent et de compétences s'y perdent au détriment d'une économie qui a, plus que jamais, besoin de ces deux précieuses ressources. Le gouvernement devrait de ce fait, rapidement trancher en décidant, soit, de supprimer ces institutions qui n'auraient plus de place sur l'échiquier économique depuis que le pouvoir a résolument choisi de revenir à l'économie administrée, soit de les garder mais en leur accordant des attributions utiles et précises. Le gouvernement actuel étant accaparé par des actions jugées plus prioritaires et, de surcroît limité dans sa durée (jusqu'à la présidentielle d'avril 2014), il est très probable que la situation des SGP connaisse un dénouement durant le mandat de l'actuel premier ministre.


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