Algérie

Le désarroi des familles sinistrées



Le vieux bâti de l'ancienne ville est le patrimoine le plus affecté par les secousses. Ce qui n'a, d'ailleurs, pas tardé à faire réagir les habitants en protestant contre les autorités les accusant de les avoir abandonnés.Alors que les équipes du Contrôle technique de construction (CTC) entamaient, ce week-end, l'opération de recensement et d'évaluation des dégâts post-sismiques, des familles sinistrées, après le séisme survenu jeudi 18 mars dernier, ont bloqué, hier, la chaussée à hauteur du carrefour de la poste principale jouxtant le théâtre régional Malek-Bouguermouh, en signe de protestation contre la précarité de leur situation. Une précarité engendrée par le puissant tremblement de terre qui a secoué toute la région de Béjaïa, provoquant des dégâts non moins négligeables aux vieilles bâtisses, notamment dans cette partie de l'ancienne ville des Hammadites.
Les protestataires, visiblement gagnés par le sentiment d'abandon, ont dressé des barricades sur les voies menant à la Haute-Ville, particulièrement à la place Cherif-Medjahed (ex-Clément-Martel), où les décombres de la vieille bâtisse ayant cédé à la forte secousse de jeudi passé, survenue à 1h04, sont encore là. "Depuis la nuit de jeudi dernier, nous nous sommes réfugiés dans l'enceinte de l'école primaire Amimoune. Nous ne pouvons rejoindre nos domiciles, tant que nos habitations présentent un risque potentiel d'effondrement. Cela fait des années que nous attendons notre relogement. Nous sommes abandonnés à notre triste sort", se lamente un jeune homme habitant au plateau Amimoune, l'un des plus vieux quartiers de l'ancienne ville de Béjaïa qui compte quelque 600 familles.
À celles-ci, s'ajoutent de nombreuses familles habitant aussi le vieux bâti, notamment à Sidi Ouali, Bab Ellouz, Oued Ouchallal..., ainsi que celles vivotant dans des bidonvilles de la cité Soumari. Toutes ces populations, qui endurent depuis de longues années une précarité insoutenable, se sont retrouvées, du jour au lendemain, jetées à la rue, conséquemment à l'état de dégradation de leurs habitations de fortune qui menacent ruine. C'est dire que ces familles sinistrées attendent un geste fort des autorités compétentes.
À noter que le directeur du CTC de Béjaïa, Moulaï Allaoua, a fait savoir, hier, que les ingénieurs et techniciens, qui sont à pied d'?uvre dans les 52 communes de la wilaya, ont déjà expertisé 739 bâtisses ayant subi des dommages occasionnés par le séisme du jeudi 18 mars. Intervenant sur les ondes de radio Soummam, M. Moulaï a tenu à préciser qu'un nombre "suffisant" d'ingénieurs du CTC, issus de plusieurs wilayas, sont venus prêter main-forte à l'équipe de Béjaïa dans l'enquête post-sismique qui consiste à recenser les constructions endommagées et évaluer les dégâts matériels occasionnés par ces secousses telluriques.
Par ailleurs, la direction du Parc national de Gouraya (PNG) demande aux citoyens de la région et aux visiteurs de ce site touristique de ne pas s'aventurer dans les sentiers menant au Cap Carbon, au Pic des singes, aux Aiguades et au fort de Gouraya, afin "d'éviter des dangers dus aux éboulements rocheux". Selon l'un des responsables du PNG, Farid Achour en l'occurrence, les autorités de wilaya ont été saisies à l'effet d'interdire officiellement l'accès à ces endroits à risque, en attendant l'achèvement des opérations de nettoyage et de sécurisation des lieux.
KAMAL OUHNIA


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