Algérie

Le désarroi des administrés



Le désarroi des administrés
Les mesures administratives prises par le ministère de l'Intérieur ne sont pas traduites sur le terrain.Tracasseries, passe-droits, lourdeurs, lenteurs et malséance, ce sont là quelques maux subis par les citoyens au niveau de la wilaya déléguée de Dar El Beïda. Il est vrai qu'à un certain moment les autorités ont décidé d'améliorer le service public ainsi que la relation entre le citoyen et l'administration. Cependant, on ne peut affirmer que les choses aient fondamentalement changé.Les citoyens butent toujours contre des pratiques bureaucratiques qui ont la peau dure. Le siège de la wilaya déléguée de Dar El Beïda donne l'impression d'être organisé de manière à protéger les employés contre une éventuelle invasion des administrés. Pour contenir le flux de citoyens, des remparts ont été installés partout. Grâce à ces obstacles, les usagers sont physiquement canalisés.Hormis les employés, personne ne peut accéder au bâtiment principal qui est entouré d'une barrière métallique longue et élevée. En suivant la longue barrière, les citoyens aboutissent dans le bureau des cartes grises et des fiches de contrôle pour les véhicules.Ces bureaux occupent une petite portion de la cour. Les citoyens n'ont pas le droit d'y entrer. Ils doivent patienter sous une tente aux allures d'étal de marché. La chaleur y est insupportable.A l'intérieur du bureau qui n'est autre qu'un long couloir, les citoyens s'adossent au mur et aux guichets, en attendant leur tour. «Cela fait trois mois que j'attends ma carte grise. A chaque fois que je me présente dans ces bureaux, le préposé au guichet prolonge la validité de mon récépissé», confie un propriétaire de voiture achetée hors wilaya.Du côté opposé de la cour se trouve le service des permis de conduire installé dans des baraques en préfabriqué. Pour rejoindre ce service, il faut sortir complètement de la cour.A l'intérieur de ces baraques mal éclairées, la poussière et les odeurs de moisissures alourdissent l'air qui devient irrespirable.Une cellule faisant office de salle d'attente accueille une chaîne d'usagers qui suit les murs pour aboutir à une porte étroite gardée soigneusement par un agent à la forme athlétique. Après la porte, des guichets aux ouvertures étroites laissent entrevoir les employés. «Pour refaire mon permis de conduire, j'ai déposé mon dossier au mois d'avril dernier et jusqu'à présent je ne l'ai pas encore obtenu, c'est lamentable», fulmine un citoyen. «Même si on veut se plaindre auprès du wali délégué, on ne peut pas car la wilaya est sans wali depuis plusieurs mois», poursuit-il.Et un autre de rétorquer : «C'est comme si on venait demander l'aumône. L'agent auquel on s'adresse entend faire savoir qu'il est là pour rendre service.» En l'absence d'un wali délégué, les pouvoirs publics ont installé au niveau de la wilaya déléguée de Dar El Beïda un médiateur qui reçoit les citoyens. «Le médiateur ne reçoit pas les citoyens qui veulent exposer leurs problèmes sociaux», s'écrie l'agent chargé de surveiller l'entrée du bureau du médiateur, qui, d'ailleurs, est en congé de maladie. «Il n'y a pas de wali délégué et le médiateur est absent. On est livrés à nous-mêmes», déplorent des citoyens à la limite de la crise de nerfs.Dans ces mêmes locaux siège la commission des retraits de permis qui, chaque mercredi, allonge la liste des mécontents, «on nous convoque devant cette commission pour qu'en fin de compte en s'abstienne de nous écouter. Les sessions sont expéditives. Et chacun écope de trois mois de retrait. Pourquoi alors cette commission '», confie un citoyen.




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