L'étalage de la répression que les Algériens ont eu à observer sur la place du 1er Mai, tout au long de la rue Hassiba Ben Bouali jusqu'à la place des Martyrs en passant par Didouche Mourad montre le vrai visage de la dictature en place, plus prononcé encore depuis l'arrivée de Bouteflika au pouvoir.
Autant de forces pour empêcher une expression pacifique !
Des beaux acquis de liberté, de démocratie arrachés par le sang et chèrement payés en vies humaines durant la décennie du terrorisme il ne reste, malheureusement, rien. Aucun espace n'est désormais toléré. C'est un vrai régime à la Ben Ali. La marche initiée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD)Â a été violemment réprimée. Il y a cependant beaucoup d'enseignements à tirer de cette situation. L'affolement et la panique qui s'emparent du régime dès qu'il y a tentative de structurer un rejet populaire du système, de l'organiser, de lui donner du souffle par sa forme pacifique et sa promptitude à mater une contestation organisée.
En effet, ce n'est pas tant les émeutes, violentes qu'elles soient, qui dérangeraient en haut lieu, mais un mouvement de masse capable de leur donner un sens politique, les traduire et les prolonger. D'ailleurs, un petit tour dans Alger et ses environs suffit pour comprendre cette équation en constatant dans les faits comment le gouvernement a vite fait de recycler la violence dans l'économie informelle. Le nombre de jeunes vendeurs à la sauvette s'est exponentiellement multiplié, à la grande joie de la mafia du bazar qui en tire toute la substance du profit généré au détriment de l'économie officielle et de l'intérêt du pays. Mais cela ne semble pas àªtre la préoccupation du gouvernement tant l'émeute, pour lui, se résume à la faim. Il ne pense pas que les Algériens puissent se soulever pour une question de dignité et de liberté. Il fallait donc autoriser l'anarchie, la prébende du bazar et de l'informel tant l'enjeu l'emporte visiblement sur le bon sens. Tous les moyens semblent bons pour sauvegarder des positions de pouvoir et, cela va de soit, de rente. Les dernières émeutes qu'a connues le pays début janvier et le changement politique qu'a provoqué la Révolution du jasmin en Tunisie ont mis le régime algérien, qui craint un effet de contagion, sur le pied de guerre. Le dispositif policier de répression déployé dans Alger et ses environs en démontre la frilosité et la panique. Il sait évidemment que tolérer la contestation pacifique aidera inexorablement à la mobilisation citoyenne capable d'ébranler ses fondements.
Donc il s'en préserve. En effet, hier, il s'est produit une sorte de rupture dans la vie politique algérienne. Pour ses besoins de survie, le pouvoir a été amené à enlever son masque démocratique pour apparaître sous sa forme la plus abjecte : le totalitarisme.
Les appels du ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, à manifester pacifiquement, se sont avérés d'une incroyable absurdité. Une énième supercherie d'un gouvernement prétendument ouvert à la contestation civilisée. Il n'en est rien. Les libertés que l'on pensait définitivement arrachées sont désormais à reconquérir. Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â Â
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Posté Le : 23/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Said Rabia
Source : www.elwatan.com