Algérie

Le dernier hommage à Haroun et Brahim Appel à une minute de recueillement national



De notre correspondant à Constantine
A. Lemili

Comme l'annonçait la Tribune, dans l'édition d'hier, un communiqué appelant à une mobilisation pour la journée d'aujourd'hui, a été placardé sur les murs des rues et artères de l'ensemble des villes de la wilaya de Constantine. Le communiqué non identifié est toutefois, selon la teneur du texte, imputé aux familles des défunts. Ces dernières ont effectivement souhaité, évacuant d'un revers de main toute manifestation ostentatoire (marche) en raison du risque de dérapage et récupération à une fin autre que celles revendiquées, l'observance d'une minute de silence qu'elles voudraient sur la totalité du territoire. Le communiqué n'en semble pas moins plutôt étrange parce qu'il n'est justement pas assumé.
Une fois la sérénité relativement réinstallée et l'élan populaire passionné retombé, toutes les interrogations sont permises notamment autour de l'absence du tissu associatif, d'une part, et des velléités éparses de récupération du drame par des parties à chaque fois non identifiées, d'autre part. Le dramatique évènement de la semaine a fait couler beaucoup d'encre sur la gestion d'un cas de figure exceptionnel auquel, en fait, nul n'était préparé aussi bien les pouvoirs publics que les médias et face auquel les parties les plus désarmées n'étaient finalement que les victimes en premier lieu et leurs familles en second.
Nous ne reviendrons jamais assez, et nous l'avons évoqué dans l'une de nos éditions, sur les atermoiements des policiers d'abord et des gendarmes ensuite avant de réagir à l'enlèvement des deux enfants, d'autant plus que celui-ci était confirmé par des témoins oculaires. Une fois la machine démarrée, les rouages se sont avérés grippés et pour cause des éléments des services de sécurité non habitués à un type de situation, qui logiquement, figure dans la panoplie des délits criminels, d'autant plus que l'Algérie en fait l'expérience depuis quelques années. Les derniers en date sont encore vivaces dans la mémoire des populations d'est en ouest et du nord au sud, plus particulièrement avec la tragique histoire de feue la petite Chaïma.
Concernant la société civile organisée, elle a brillé par son absence laissant le champ libre à tous les apprentis agitateurs de s'improviser leaders de foules, qu'ils ont crescendo chauffées à blanc à mesure que les journées passaient sans que ne soient retrouvés les deux enfants, alors que le plus grand chaos allait s'installer dans l'heure même qui suivait la découverte des corps des victimes. Un chaos dans lequel paradoxalement déambulait l'un des deux auteurs (repéré grâce au travail d'un monteur d'une nouvelle chaîne de télévision privée) de l'enlèvement, très à l'aise parmi une foule hystérique.
Enfin, il y a eu la presse et l'administration, son vis-à-vis générique. Les deux acteurs censés mettre un bémol aux très fortes spéculations et ravages causés par la rumeur allaient, pour la première (écrite et sonore), relayer, de la manière la plus farfelue c'est-à-dire loin de tout professionnalisme, voire de toute réserve obligée en pareille circonstance, tous les non-dits, mensonges par omission'alors que la deuxième, totalement paniquée, de dénoncer une désinformation orchestrée. Y a-t-il risque de retour de manivelle pour les médias dans la gestion de cette affaire ' D'aucuns parlent d'ores et déjà d'un ciblage de certains journalistes par l'administration. Un ciblage dont la nature n'est pas détaillée. Mais si tant est que cette hypothèse devait être retenue, est-il en réalité besoin de feindre ignorer à quels tracas ces derniers auront à faire face.
En conclusion, si le communiqué appelant à observer une minute de silence donne la date d'aujourd'hui, il ne précise aucunement l'heure. C'est dire donc tout le dilettantisme évoqué précédemment.


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