Il a fallu que son Créateur le rappelle pour que l'Algérie le découvre ou le redécouvre. Aït Ahmed s'en est allé et avec lui un légitime de la Révolution armée, un pan de l'histoire de l'Algérie. Sa mort aura été à l'image de sa vie, un éternel combat pour la reconnaissance loin de toutes les man?uvres de récupération d'où qu'elles viennent. Son enterrement, hier, aux côtés de sa mère dans sa «thadart» natale, préférant la symbolique du repos ancestral au statut officiel du cimetière d'El Alia, aura été le dernier combat de Da l'Ho.Que retenir de cette vague de sympathie des Algériens, jeunes et contemporains de l'homme, et de reconnaissance tardive des responsables algériens si ce n'est un goût prononcé pour les regrets. Ceux d'avoir poussé le dernier des neuf de la Toussaint à l'exil forcé puis choisi, malgré lui, ou encore d'avoir tu les qualités intrinsèques de Aït Ahmed. Sa mort aura servi de rappel de la mémoire car le fondateur historique du FFS, figure emblématique du 1er Novembre, a laissé durant sa vie un témoignage inestimable sur l'Histoire de l'Algérie.Le pouvoir en place, après avoir essayé de compromettre l'image du militant, a essayé de récupérer sa mort de peur de laisser la symbolique prendre le pas. Ne pas emprisonner le corps à El Alia peut être, dans la logique du pouvoir, une porte ouverte à une sacralisation partisane et un engouement militant qui peuvent se propager dans les veines du pays. Cette conscience politique qui peut s'éveiller au contact quotidien de l'icône sera perçue par l'Etat comme une menace d'un renouveau des consciences intellectuelles et un retour du combat politique incarné par Aït Ahmed tout au long de sa vie.L'enterrement d'hier fera date puisque c'est le retour du fils du peuple à sa dernière demeure, la terre de ses ancêtres, pour qu'il y repose en paix et son long exil a pris fin. Les dizaines de milliers de personnes au rendez-vous avec le corps de l'opposant ne se sont pas trompées sur l'importance de l'événement sacrifiant leur journée de repos pour accueillir une dernière fois Aït Ahmed.
Posté Le : 02/01/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com