Algérie

Le dernier baroud des "chibanis"à Paris


Le dernier baroud des
«Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux» dit une des chansons les plus célèbres de Jacques Brel... Des retraités algériens qui vivent depuis quarante ans pour certains d'entre eux dans un hôtel meublé de la rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris sont menacés d'expulsion. Ils ont décidé de briser les murs du silence. Ils ont mobilisé ce qui leur reste d'énergie pour livrer ce qui sera peut-être leur dernier combat. Comme au bon vieux temps lorsque la France avait besoin de leurs bras pour reconstruire son économie. Cette fois-ci, il n'est pas question pour eux de louer leurs bras. Il s'agit de leur dignité. De finir leurs vieux jours debout. De ne pas être jetés comme des kleenex. La vie est parfois ingrate. Elle l'est encore beaucoup plus quand elle joue des tours pendables au moment où l'on s'y attend le moins. Au moment où l'on aspire à la tranquillité. A la sérénité. Récompense d'une vie bien remplie à laquelle on a tant donné. Sans calcul. Si ce n'est celui d'avoir gagné son pain à la sueur de son front. Honnêtement. Pour finir dans un hôtel meublé où l'on a pris ses quartiers depuis des décennies. Un peu comme pour mieux apprécier le tic tac d'une horloge du temps. Qui risque de s'interrompre à tout moment. Même si c'est du fond d'une chambre minable d'un hôtel meublé. Comme c'est le cas de ces dizaines de ces retraités algériens usés par le temps, que l'on veut mettre à la porte comme des malpropres. Un coup de poignard du destin. De leur condition de prolétaires...Des reliques d'une société de consommation qui n'ont pas fini de régler leurs comptes avec un destin qui ne leur a pas fait de cadeau. Ont-ils encore de l'énergie pour rendre les coups' «Munis de leur titre de séjour, les membres de la délégation sont venus organiser la lutte, déterminés à ne pas se faire jeter à la rue», rapporte la presse française. La résistance s'organise. Les chibanis n'ont pas dit leur dernier mot. «Les propriétaires se sont dits c'est des Arabes, avec des Arabes, laisse-les, ils vont se bouffer entre eux... Mais là on est un bloc. Il faut se défendre, qu'ils laissent les vieux tranquilles» avertit un des retraités âgé de 71 ans qui se souvient comme d'hier de la date de son arrivée en France: le 25 septembre 1965. Bientôt un demi-siècle! Il tient à son logement comme à la prunelle de ses yeux. S'il le perd il aura perdu tous ses repères: son identité. «Si t'as pas d'adresse, t'as plus rien. T'as pas de parole, t'es foutu. Pour refaire ton titre de séjour, pour tout!...Les sous, c'est ici. Les soins, c'est ici. La sécurité sociale, c'est ici. On est attachés à ce pays» ajoute-t-il dans un cri de désespoir qui résonne comme un SOS. Les autorités compétentes peuvent-elles reculer' «Si la préfecture exécutait sa décision, elle serait dans l'illégalité. Ces gens sont locataires et il ne peut y avoir d'expulsion sans jugement nominatif», indique un militant historique du droit au logement (DAL), une association indépendante s'occupe des sans-logis et des personnes expulsées en France et dans le monde.. «Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça... Parce qu'il n'y a plus beaucoup d'hôtels meublés et que généralement les gens ne restent pas dans ce genre d'habitation. Mais là, ils ont décidé de lutter», a-t-il souligné. Les chibanis ont décidé de tirer leur baroud...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)