Algérie

Le dégel Moscou-Riyadh en question



Le dégel Moscou-Riyadh en question
Lavrov prêt à une médiation entre l'Iran et l'Arabie saouditePourquoi la Russie songerait à hypothéquer ses chances actuellement avantageuses en Syrie dans le seul but de donner satisfaction à l'Arabie saoudite sur la question obsessionnelle du sort de Bachar al Assad...Le processus de Vienne relayé par les pourparlers de Genève est moribond depuis que la délégation de l'opposition syrienne a choisi de manière théâtrale de claquer la porte sous prétexte que le régime de Damas continue à bombarder les positions rebelles malgré une trêve laborieusement concoctée par les deux superpuissances et surtout que ses représentants aux négociations de Genève rejettent catégoriquement le sujet du départ du président Bachar al Assad.A l'origine de ce choix et du refus de toute option constructive, l'inconséquence de la politique de l'Arabie saoudite qui reste focalisée sur le sort du chef de l'Etat syrien. Même les Etats-Unis paraissent démunis pour imposer à leur allié saoudien, ainsi que turc d'ailleurs, une approche moins radicale. Cette inconséquence a duré le temps que l'Arabie saoudite découvre les limites de sa politique ainsi que la situation désastreuse des groupes rebelles, pour la plupart encerclés à la fois par l'armée syrienne et par l'organisation autoproclamée Etat islamique.Mesurant avec acuité l'urgence d'un changement tactique, les Saoudiens ont engagé, le 25 mai dernier, un dialogue avec la Russie et le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, s'est entretenu avec les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) soudain devenus «constructifs». C'était à la veille du quatrième round du dialogue stratégique entre les ministres des Affaires étrangères des Etats membres du CCG et le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie prévu à Moscou. Une réunion co-présidée par Sergueï Lavrov et Adel Al-Jubeir, ministre des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, la présidence actuelle du CCG. A cette occasion, le ministre saoudien s'est beaucoup étalé sur le désir de Riyadh de renouer les fils avec Moscou, le but étant d'exploiter une convergence conjoncturelle pour sauver une opposition en péril et garder un rôle «décisif» dans l'enjeu régional. Comme, tout indique que les pourparlers de Genève ne survivront guère à la date-butoir, les Saoudiens tirent la leçon des hésitations et, surtout, des contradictions de Washington, conscients que les cartes maîtresses sont détenues par Moscou.La Russie a non seulement renforcé sa position en Syrie, depuis septembre 2015, elle a contrecarré les velléités américano-européennes de sanctions liées au dossier ukrainien, en juillet 2014, en rejetant les conséquences de l'embargo sur l'UE elle-même, mais son différend avec Ankara est encore loin d'être surmonté malgré les appels du pied du nouveau Premier ministre turc. Qui plus est, Moscou aurait tort de sacrifier ses rapports devenus stratégiques avec l'Iran au bénéfice d'un hypothétique deal avec le CCG qui, nolens volens, demeure un instrument totalement contrôlé par les Etats-Unis. On voit mal, du coup, pourquoi la Russie songerait à hypothéquer ses chances actuellement avantageuses en Syrie dans le seul but de donner satisfaction à l'Arabie saoudite sur la question obsessionnelle du sort de Bachar al Assad. Alors que rien ne dit que les choix de Moscou, à ce sujet, auraient force de loi pour le régime syrien actuel et pour ses alliés irano-libanais. En cherchant à imposer un changement sur ce dossier, la Russie peut adopter une démarche progressive, mais sûrement pas radicale comme le désirent les Saoudiens, toujours prompts à vendre la peau de l'ours.Tandis que les Etats-Unis maintiennent à bon escient une politique des petits pas imposée par les nuances qui se profilent entre la Maison-Blanche, le Pentagone et le Département d'Etat, la Russie qui est loin de trouver un quelconque soutien au niveau européen pour plusieurs années, au moins, va-t-elle se hasarder à jouer son va-tout avec les pays du CCG' Le rapprochement conjecturel qui se profile depuis quelques jours semble davantage motivé par le souci de contrer les velléités ottomanes du président turc, farouchement hostile au régime Al Assad et plus encore aux Kurdes de Syrie soutenus par Moscou. Auquel cas, la Russie jouera les bons offices entre Téhéran et Riyadh pour affaiblir Ankara. Mais pour l'heure, le drame syrien continue.


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