Algérie

Le défunt a eu un parcours universitaire dense



L'hommage à la mémoire du défunt universitaire et historien Abdelmadjid Merdaci, décédé jeudi passé à l'hôpital de Beni Messous (Alger), aura été un moment de compassion et d'affectivité très fort."Notre père à tous était, lui-même, une bibliothèque et les bibliothèques ne meurent jamais", répétait la modératrice Amira Beniou, directrice du Centre culturel Malek-Haddad de Constantine, où s'est tenue, hier, la rencontre en hommage au défunt intellectuel et impénitent historien du mouvement national et de la guerre de libération. Et à ce titre, la souvenance viendra de sa fille Meriem qui rappellera que la disparition de son défunt père est intervenue à la veille du 62e anniversaire de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) un certain 19 septembre 1958. Lui, l'auteur de l'ouvrage GPRA : un mandat historique : 19 septembre 1958-03 août 1962 son dernier livre. L'ex-ministre de la Culture qui entamera son allocution par des versets du répertoire de la Tarika Issaouiya, allusifs à la foi que vouait au patrimoine culturel national qu'il a défendu et auquel il a ?uvré pour sa préservation.
Elle révèlera que durant le confinement, son père avait écrit trois nouvelles ?uvres dont la dernière, prémonitoire peut-être, consistait en sa propre autobiographie. "Ce qu'il n'avait jamais osé auparavant. Il était resté plus de dix jours devant son micro-ordinateur et ne voulait pas révéler ce qu'il faisait", témoigne-t-elle. "Il était mociste mais aimait aussi le CSC et tous les sportifs de Constantine. Ce qu'on doit garder en mémoire c'est son combat pour son pays l'Algérie et pour les libertés. C'est difficile pour nous, pour ma mère surtout qui l'a connu il y a exactement 48 ans. Mais il m'a appris à être forte, à affronter les difficultés de la vie et je me dois d'être digne de sa mémoire et de l'honorer en diffusant ses travaux et en faisant aboutir les projets qu'il avait entamés." "Il a enseigné à plusieurs générations à l'université de Constantine et a participé à la création de l'Institut de communication.
À travers ses ?uvres il a honoré les artistes de Constantine et d'ailleurs...", poursuit avec émotion et en larmes Meriem Merdaci qui ponctuera son témoignage par une demande qui a ému l'assistance. "À sa mémoire, je vous demande d'applaudir pendant une minute", a-t-elle susurré. Ce à quoi acquiesceront les présents sans la moindre hésitation. Le wali de Constantine, Saci Ahmed Abdelhafid, présent à la cérémonie, dira, pour sa part, les regrets et la tristesse qu'il a ressentis à l'annonce du décès d'Abdelmadjid Merdaci. "Une perte pour l'Algérie tout entière. Il était le gardien sûr de la mémoire nationale. Il a consacré toute sa vie à la transcription avec fidélité de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Il a largement contribué à l'enrichissement de la Bibliothèque nationale à travers plusieurs ouvrages dédiés au mouvement national et à la guerre de libération.
Il a également ouvert une fenêtre de l'histoire sur la musique algérienne et celle de la ville de Constantine. Il restera vivant à travers ses ?uvres, ses travaux de recherche et ses nombreuses contributions qui ornent nos archives et nos bibliothèques. L'Algérie lui est redevable", dira-t-il. Pour Saci Ahmed Abdelhafid, il échoit à présent à toute la famille d'intellectuels et d'universitaires de Constantine et avec la contribution de toutes les universités du pays de réfléchir à "une célébration à la hauteur de la stature de cet immense professeur à travers une rencontre scientifique dédiée à l'histoire et qui sera organisée sous les auspices de l'administration locale et de l'université. Aussi, je souhaite que tous ceux qui ont côtoyé et connu le défunt de faire découvrir son ?uvre au-delà des frontières de Constantine qui lui restera reconnaissante".
D'autres témoignages aussi émouvants les uns que les autres, anecdotiques, parfois, seront illustrés par les présents dont l'ex-ministre le professeur Abdelhamid Aberkane, l'ex-recteur de l'université islamique Abdallah Boukhelkhal, le réalisateur Ali Aïssaoui, le journaliste Mohamed Aggabou, et l'une des dernières figures emblématiques du malouf constantinois, l'octogénaire Mohamed Hamma qui n'a pu retenir ses larmes en évoquant le défunt Abdelmadjid Merdaci.

Kamel Ghimouze


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