Algérie

Le déficit démocratique de l'Union européenne


Toujours prompts à  donner des leçons de démocratie au reste du monde, les dirigeants européens n'ont vraiment pas le sens du ridicule. Car, si la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, elle est tragiquement absente des pays qu'ils représentent. C'est ce que démontrent deux journalistes, Christophe Deloire et Christophe Dubois, dans Circus politicus - un dossier très riche, très documenté, qu'ils ont composé après une enquête de deux ans dans les lieux du pouvoir européen, où ils ont rencontré toutes sortes de personnalités politiques, recueilli des témoignages très «parlants» et consulté de nombreux documents.
Censé représenter les peuples de l'Union, le Parlement européen ne dispose pas d'un réel pouvoir législatif. C'est au Conseil européen, qui réunit à  huis clos les chefs d'Etat et de gouvernement que se prennent les décisions les plus importantes. Celles qui engagent pour des décennies l'avenir de peuples qui ne sont jamais ou très mal informés et nullement consultés.
Ces décisions ont toutes pour objet, quel que soit le problème examiné, de  restreindre ou d'éliminer toute démocratie, tout débat, dans le fonctionnement des institutions et l'élaboration des projets. Ainsi, lors d'une réunion d'octobre 2010, la France et l'Allemagne proposent, pour protéger l'euro, de suspendre le droit de vote d'un Etat membre sur tous les sujets sur lesquels le Conseil est compétent. Ainsi, en novembre 2010, le directeur du FMI propose la création d'une autorité budgétaire «qui fixerait les orientations budgétaires de chaque pays et allouerait à  chacun les ressources provenant du budget central».
Privé de toute indépendance financière, chaque pays de l'Union serait privé, par là même, de toute autonomie pour gérer ses propres affaires. Pour orienter ses choix, le Conseil européen sollicite le seul peuple qu'il connaisse – celui des lobbyistes. Si  70% d'entre eux représentent des entreprises privées, entre autres les banques, 10% seulement représentent la société civile. Il arrive même que des lobbyistes rédigent, moyennant finances, des amendements que présenteront des députés. Il arrive aussi que des banques achètent des décisions politiques, lorsque les commissaires ne se montrent pas assez prompts à  les satisfaire.
«Les représentants des banques sont très arrogants, déclare une responsable. Ils ont le pouvoir sur les décideurs politiques. Ils bénéficient de moyens énormes et de l'expertise technique.» Lobbyistes, hauts fonctionnaires, experts, députés, banquiers,  tous ont de nombreuses occasions de se rencontrer, de confronter des projets, et surtout d'entretenir et de développer une commune façon d'envisager les principaux problèmes. Il n'y a pas de divergences graves dans ce milieu très élitiste et très fermé.  Que ce soit lors des séances du Siècle, ou lors des réunions de la Tricontinentale, ou encore dans des rencontres informelles à  St Moritz, Davos, La Haye, au Luxembourg ou en Allemagne, une même vision du monde s'élabore, d'où la démocratie est totalement absente. C'est à  Bruxelles, dans le plus grand secret des réunions et sous le regard vigilant des banques, que se prennent les décisions qui ont un impact direct sur la vie de 500 millions d'Européens. Celles, par exemple, qui, dans l'intérêt des banquiers, condamnent les Grecs à  la plus dure austérité. Celles, encore, qui régissent la vie des Français : 80% de leurs lois ne sont que l'application des directives de Bruxelles, concoctées par des technocrates en dehors de tout débat  démocratique et à  l'insu des peuples. Démocratie '
 
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