Algérie

«Le déficit d'offres n'incite pas les intermédiaires à investir»



-Vous avez participé au rapport sur la situation du marché financier en Algérie, comment expliquez-vous le marasme que connaît la Bourse d'Alger ' La Bourse d'Alger souffre d'un déficit d'offres, d'une part il y a une offre d'obligations d'Etat qui est relativement faible et ceci s'explique par la situation des finances publiques très favorable pour le pays. On a un endettement public en Algérie qui ne dépasse pas 10% du PIB, comparé à  95% du PIB en France où nous avons plutôt un problème de financement aujourd'hui. Il y a une très faible offre de titres d'Etat. Côté entreprises, il y a également un déficit d'offres puisqu'il y en a très peu qui sont cotées à  la Bourse d'Alger, à  peine 5. Pour augmenter ce chiffre, il faut multiplier rapidement le nombre d'intermédiaires financiers qui opèrent à  la Bourse d'Alger et passer rapidement à  18 ou 20 dans un horizon de deux ans.Ces intermédiaires financiers iront faire du démarchage d'entreprises et d'investisseurs et permettront à  la Bourse de se développer. -Qu'est-ce qui fait que les entreprises algériennes ne soient pas plus intéressées par une introduction en Bourse ' C'est parce qu'elles ne sont pas sollicitées justement par les intermédiaires financiers. L'introduction en Bourse est un processus long, compliqué, risqué, qui implique une décision stratégique sur l'ouverture du capital, sur l'adhésion aux règles de transparence, de gouvernance.Ce n'est ne pas une décision qui se prend au coin d'une table, c'est un choix stratégique qui est fait par un chef d'entreprise et pour cela, il a besoin de l'aide d'un professionnel, qui lui trace la voie et qui l'accompagne dans ce processus long, mais qui a aussi ses avantages aussi bien pour l'entreprise (financement) que pour les particuliers qui peuvent bénéficier de la création de richesse de l'entreprise à  travers la Bourse.  L'intermédiaire financier joue un rôle majeur dans la réussite du marché. En Tunisie, ils sont 26, en Algérie, ils ne sont que 6 IOB, alors que le pays est 4 ou 5 fois plus grand et le résultat est là quand on compare le nombre d'entreprises cotées dans les deux pays, plus de 50 en Tunisie et seulement 5 en Algérie.
Les émetteurs et les intermédiaires sont liés et l'une à  l'autre. Evidemment, le déficit d'offres n'incite pas les intermédiaires à  investir, donc il faut atteindre cette taille critique, donner un bon coup de reins pour rapidement parvenir peut-être une vingtaine d'intermédiaires d'ici deux ans et par la suite, on verra 50 à  100 entreprises cotées à  la Bourse d'Alger d'ici 5 ans. -Comment passer de 6 IOB à  20 en deux ans ' Il faut créer un cadre incitatif pour permettre de faciliter l'entrée de façon ordonnée, avec un cadre réglementaire adapté, des nouveaux intermédiaires financiers à  la Bourse d'Alger, qu'ils soient indépendants ou affiliés à  des banques. Le constat a été difficile, mais les Algériens ont eu l'honnêteté de parler franchement. Il y a une volonté claire des pouvoirs publics et aussi de la part des acteurs privés d'aller en Bourse ainsi que de banques privées qui veulent devenir membres de la Bourse, mais les processus sont encore longs.


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