En plongeant sous la barre des 57 dollars à quelques jours de la fin de l'année, le prix du baril du pétrole continue de faire peser de gros risques sur les équilibres budgétaires de l'Algérie et accentue les incertitudes quand à la viabilité de la stratégie économique du pays en 2015.Dans ce contexte, la question se pose de savoir ce qui attend les Algériens dans les mois à venir, surtout que le gouvernement semble tétanisé par la rapidité de la chute des cours du pétrole et affiche un manque de réactivité flagrant, voire une improvisation totale dans l'annonce des mesures qui seront prises pour contrer les répercussions de la baisse drastique des revenus du pays. La dernière sortie du ministre de l'Energie, qui espère toujours voir l'OPEP, menée par l'Arabie Saoudite, revoir sa position en baissant sa production, illustre «un manque de réalisme» et donne l'impression que le gouvernement, au lieu de ficeler un plan d'urgence sans faille pour faire face à la crise qui s'annonce, s'accroche à de faux espoirs, ce qui risque de le détourner des priorités et de lui faire perdre encore plus de temps dans la recherche de la solution idoine pour gérer au mieux les maigres revenus qui s'annoncent à court terme.Pour le moment, l'Exécutif annonce un plan d'austérité plutôt bancal si on s'en tient à ce qui a été annoncé par le gouvernement, dans le sillage des mauvaises nouvelles qui s'accélèrent sur le plan économique. Après avoir tergiversé pendant de longs mois alors que les prix dégringolaient sans discontinuer lors des séances de cotation à Londres, le gouvernement, réuni en comité restreint autour du président Bouteflika, a décidé d'un certain nombre de mesures concernent une baisse du train de vie de l'Etat, et le report de certains projets non essentiels inscrits au plan quinquennal 2015 -2019.Le lendemain, le Premier ministre a appelé à «la solidarité nationale», annonçant dans la foulée des restrictions budgétaires et notamment le gel des recrutements dans la Fonction publique. Une décision qui pénalise les jeunes demandeurs d'emploi et risque d'aggraver le chiffre du chômage global dans les années à venir. D'ailleurs, la nouvelle n'est pas passée inaperçue et alimente les craintes des Algériens, ce qui accentue clairement la morosité sociale à l'orée de la nouvelle année. Une morosité accentuée par le sentiment que ce sont les plus faibles qui risquent de pâtir encore une fois de la conjoncture difficile, alors que les plus nantis s'arrangent pour garder leurs privilèges.Baril en baisse, les avertissements de la Banque d'AlgérieLa période économique difficile qui s'annonce n'est pas une vue de l'esprit ou un pronostic de quelques rabat-joie, elle est clairement énoncée par le gouverneur de la Banque d'Algérie lui-même. Mohamed Laksaci ne fait pas dans la dentelle comme s'y risquent souvent les politiques ; il assène la vérité d'un technocrate qui laisse parler la réalité des chiffres qu'il a entre les mains. Lors de son passage à l'Assemblée populaire nationale (APN), le 15 décembre 2014, le gouverneur a souligné que «si les réserves de change peuvent amortir un choc externe dans l'immédiat, elles pourraient s'effriter en cas de baisse prolongée des cours du pétrole».Une déclaration qui renseigne sur la gravité de la situation, loin des discours de ravalement de façade servis par les ministres en charge de l'économie. Les projections faites par gouverneur de la Banque d'Algérie, lors de la présentation des rapports de conjoncture pour l'année 2013 et le premier semestre 2014, ont planté un décor pessimiste pour le proche avenir. «Nul ne peut nier l'existence d'indices d'un éventuel choc externe en raison de la baisse du prix du pétrole à partir de 2015», a fait notamment savoir M. Laksaci, qui avertit qu'une chute prolongée des cours du pétrole risque d'avoir des conséquences sur la balance commerciale et la balance des paiements.Cette dernière affiche, et c'est une première depuis plus d'une décennie, un déficit de 1,32 milliard de dollars au premier semestre 2014, induisant une contraction des réserves de change, lesquelles sont passées de 194 milliards de dollars fin 2013 à 193,269 milliards de dollars au premier semestre 2014. Les incertitudes économiques quant à l'avenir économique immédiat du pays sont aussi confirmées par le Fonds monétaire international (FMI) qui a estimé, récemment, que «les menaces qui pèsent sur la stabilité macroéconomique de l'Algérie s'accentuent».Pour le FMI, «le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 7% en raison du recul des recettes d'hydrocarbures, de la nette hausse des dépenses d'investissement et de la poursuite des fortes dépenses courantes». Le Fonds souligne aussi que «l'épargne budgétaire devrait baisser pour la deuxième année consécutive».A contre-courant de ses prévisions invitant à la prudence, le gouvernement a ficelé une loi de finances 2015 très ambitieuse, prévoyant 110 milliards de dollars de dépenses dont 60 milliards de dollars dans le cadre du budget de fonctionnement. Une prévision hasardeuse, démentie par la chute du prix du pétrole et qui obligera certainement l'Exécutif à recourir prochainement à une loi de finances complémentaire pour corriger le tir et préserver autant qu'il le peut les équilibres financiers. Par ailleurs, le taux d'inflation moyen pour 2015 est estimé dans le projet de loi de finances (PLF) à 3% contre 3,5% en 2014. Des prévisions qui risquent d'être contrecarrées aussi par la réalité, dans les prochains mois, au vu de la tendance des indicateurs financiers.
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Posté Le : 31/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zhor Hadjam
Source : www.elwatan.com