Un jour, une voisine, croisée dans une supérette du quartier, a lancé, d'un ton dépité, que les dinars, ne valant plus grand-chose et ne permettant plus, à une majorité, de joindre les deux bouts, il nous en faudra, bientôt, une brouette pour faire nos courses de première nécessité. Parler de ces échanges et de rencontres comme celle-ci ou celle avec le petit vieux que j'ai partagée hier permet de revenir aux choses simples. Celles, terre à terre, qui touchent à la vie de tous les jours mais qui peuvent paraître trop anodines pour mériter que l'on s'y attarde. En vérité, ces faits cachent souvent une réalité loin d'être banale. Une de ces violences que nombre d'entre nous subissent, dont beaucoup souffrent mais dont on décrit difficilement les fêlures qu'elles provoquent en chacun. Quand, au contraire, ceux qui en souffrent le plus ressentent un besoin impérieux de parler de ce qui mine leur vie, plus en permanence que rarement, il faut en parler. Il y a différentes manières de tendre la main à qui la sollicite pour se sentir mieux. À chacun de faire sa part dans cette Algérie «nouvelle» qui devrait renoncer à radoter pour plus sérieusement avancer ! La détresse est contagieuse. C'est lorsque l'on écoute les autres dérouler le film de leurs angoisses et dire comment ils essaient de se sortir de l'impasse que l'on désespère, à son tour, de voir les choses se libérer des professions de foi et du malaise ambiant, pour se concrétiser enfin. Bien sûr que consacrer du temps à la kyrielle de choses qui ne vont pas bien au lieu d'encenser les décisions qui se prennent sans, vraiment, penser au moyen de les concrétiser, empêche de se réjouir prématurément. Parce qu'il leur faut des profils qui ne bricolent pas pour les mener à bien. Tant que l'on méprisera leur savoir-faire, nos compétences continueront à s'exiler ! Beaucoup de compatriotes, bardés de diplômes, réussissent, sans grand mal, à se redessiner un avenir, à la mesure de leur talent, sous des cieux moins castrateurs. Comme je le racontais, récemment, à propos de mon médecin, ils s'en vont ailleurs participer à la promotion d'autres entités.M. B.
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Posté Le : 08/11/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Malika Boussouf
Source : www.lesoirdalgerie.com