Algérie

Le défi de s'adapter aux normes



"L'audit a pour objectif d'effectuer des travaux rigoureux et systématiques afin d'étudier, vérifier et évaluer les différents aspects de l'activité de l'entreprise", explique Chikhi Bilel, enseignant et expert.Le terme "audit" est nouveau en Algérie, au lendemain de certains scandales qui ont secoué certaines entreprises publiques et devant des bilans jugés archaïques et "illisibles" au niveau international. Devenu un terme courant dans le monde moderne des affaires, il fallait s'adapter pour exister. Pour Chikhi Bilel, enseignant, expert et organisateur de la journée nationale sur l'audit, tenue dernièrement à la faculté des sciences économiques, "l'audit a pour objectif d'effectuer des travaux rigoureux et systématiques afin d'étudier, de vérifier et d'évaluer les différents aspects de l'activité de l'entreprise", précisant que ce dernier obéit à des normes que l'auditeur doit respecter dans l'exercice de ses missions. Etabli depuis toujours avec le plan comptable national (PCN) faisait remarquer un expert présent au séminaire, le travail devient "obsolète" sur la place internationale, il ne répondait pas aux normes standard internationales, l'audit établi sur cette base était incompatible, et les multinationales exigeaient un audit aux normes dites "international financial reporting système" (IFRS) "donc l'auditeur devait faire deux bilans en quelque sorte". La situation a obligé le gouvernement algérien à s'adapter aux normes. Ainsi, plusieurs actions étaient engagées visant la mise à jour des instruments devant accompagner les réformes économiques et financières. Le système comptable et financier présente une des toutes premières actions dans ce cadre dont l'objectif était le développement de la culture comptable et le rapprochement des normes IFRS sur lesquelles des lobby comme KPMG, Deloit ou encore PWC s'appuient. Dès 2010, la loi 10/01 de juin 2010 a permis la création du conseil national de comptabilité sous l'?il vigilant du ministère des Finances, accompagné de nouvelles réglementations. En juin 2011, c'est la loi portant métier d'auditeur (11-24 et 11-32) qui vient cerner la profession, et pour l'éthique la loi 30 du 24 juin 2013 qui fixe les critères des bilans des commissaires aux comptes. Mais selon l'ensemble des experts présents au séminaire, la révolution vient de la décision 02 du 4 février 2016 du ministère des Finances, donnant ? enfin ? naissance aux premières normes algériennes d'audit issues du référentiel international d'audit (ISA), élaboré par l'IFAC. Ils s'agit de la norme 210 qui traite les "Accords sur les termes des missions d'audit". Depuis, douze normes ont été établies, les dernières en date du 23 mars 2017, la norme 610 pour les audits internes, et la norme 620, comportant l'appel à des experts externes dans l'audit, dans l'attente, précise M. Chikhi, de l'arrivée de quatre autres normes à la fin de l'année en cours. La journée a vu la présentation de plusieurs communications, comme "La gestion des risques de l'entreprise entre le ?risk' management et l'audit interne" de l'expert Amar Kaddouri ; pour sa part, Ihadadène Athmane, enseignant à l'école supérieure du commerce, a traité des "Normes d'audit en Algérie et l'état des lieux", ou encore la communication de Dr Admane Ali sur "La prise en charge du risque d'audit, selon les normes internationales d'audit ISA". Enfin, la réalité du terrain est autre, malgré cette armada de lois et de normes, avoue un expert de la finance et de l'expertise, car "rares sont les bureaux d'expertise existants qui s'ouvrent sur cette nouvelle donne, le nombre fait défaut et il y a un manque ?d'investir' sur de nouvelles ressources humaines, côté entreprise on a mal à séparer la propriété de la gestion".
Wahab M.


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