Algérie

Le déclin fatidique de la production



Selon les experts, le déclin de la production nationale d'hydrocarbures se poursuit depuis plus d'une décennie.L'instabilité des politiques de gestion et des staffs managériaux au sein de la compagnie pétrolière nationale aura sans doute contribué grandement à favoriser l'échec des quelques tentatives mises en avant ces quelques dernières années pour enrayer le déclin dangereux et rapide de la production nationale d'hydrocarbures.
Unanimement admise par les experts et même par les responsables du secteur énergétique, cette tendance au déclin est ainsi observée depuis au moins 2007, et est appelée à se poursuivre durant les quelques années à venir, en attendant d'éventuels effets positifs de la nouvelle loi des hydrocarbures sur les investissements pétroliers.
Quoi qu'il en soit, en ce domaine précis, le secteur des hydrocarbures n'a cessé en tout cas d'accumuler des contre-performances depuis plus d'une décennie, les derniers bilans disponibles de l'ONS (Office national des statistiques) indiquant que la branche de la production du pétrole brut et de gaz naturel a de nouveau connu un recul de 1,3%, durant le 3e trimestre de l'année écoulée.
En 2018 déjà, les données de l'ONS sur le secteur industriel public faisaient ressortir une tendance encore plus prononcée à la baisse pour la branche des hydrocarbures, avec un recul global de 3,6% sur l'ensemble de l'activité du secteur et de 2,2% pour la production du pétrole brut et de gaz naturel.
Hormis l'année 2016, où le PDG de Sonatrach de l'époque, Amine Mazouzi, avait évoqué une relance de la production "après près de 10 ans de baisse", le constat d'un déclin continu persiste sur au moins près d'une décennie et demie, faute d'investissements suffisants dans l'exploration, alors que la croissance constante de la consommation énergétique domestique continue à nourrir l'inquiétude d'une érosion rapide des parts de gaz et de pétrole destinées à l'exportation.
Dans son dernier rapport de conjoncture, la Banque d'Algérie (BA) n'a pas manqué en ce sens d'alerter une nouvelle fois sur cet état de fait, en soulignant que "la baisse des quantités d'hydrocarbures exportées, exprimées en tonnes équivalent pétrole (TEP), entamée au premier semestre de 2017, s'est poursuivie au cours des deux semestres suivants, passant de 54,96 millions de TEP au premier semestre à 53,27 millions de TEP au second semestre de la même année et à 52,15 millions de TEP au premier semestre de 2018".
Un semestre plus tard, note la même institution, cette tendance baissière s'est accélérée pour atteindre 47,7 millions de TEP, soit une diminution de 8,5% par rapport au premier semestre de 2018, tandis que sur l'ensemble de l'année considérée, les exportations d'hydrocarbures ont reculé globalement à 99,9 millions de TEP, soit en baisse de 7,7% par rapport à l'exercice précédent.
Alors que l'effort à l'exploration butte ces dernières années sur la réticence des partenaires étrangers, le déclin des réserves et de la production d'hydrocarbures est dû, s'accordent à dire les spécialistes, à la base au vieillissement avancé des plus gros gisements algériens qui contribuent à l'essentiel de la production du pays.
"Hassi R'mel qui produit plus de 50% de notre gaz ne contient plus qu'environ 600 milliards de mètres cubes", rappelle à ce propos l'expert en énergie et ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, en confirmant que les réserves et la production du pays sont en baisse continue depuis au moins 13 ans, et que si l'enjeu de la rente constitue une préoccupation majeure à moyen terme, c'est la sécurité ou l'indépendance énergétique qui le sera au-delà de 2030.
Des enjeux vitaux, en somme, que le plan d'action du nouveau gouvernement prévoit de prendre en charge en ?uvrant notamment pour "l'intensification de l'effort de recherche et d'exploration, y compris dans les zones offshore", ainsi qu'en veillant à "l'optimisation de l'exploitation des gisements d'hydrocarbures par l'utilisation de méthodes de récupération assistée, tout en garantissant leur conservation".
Encore faut-il que la nouvelle loi sur les hydrocarbures puisse effectivement favoriser la relance de l'investissement et que la compagnie pétrolière nationale devienne enfin un partenaire stable et crédible quant à ses modes de fonctionnement et à son organisation managériale.

Akli REZOUALI


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