Algérie

Le déclin


La saison footballistique tire à sa fin en Algérie, dans un climat de scandales à répétition et de suspicion sur des tentatives de corruption. Le mal, profond, touche divers paliers de la compétition nationale au moment où le football algérien est dans une régression avérée. Les juniors algériens viennent ainsi d?être éliminés par leurs homologues mauritaniens au moment même où leurs aînés de la sélection A étaient tenus en échec, à Alger, par le Maroc. Cela confirme au demeurant le déclin du football algérien l?un des plus mal classés du continent africain au tableau de la Fifa. Le championnat national est tout à la fois l?artisan et le produit de ce déclin. A telle enseigne que les grandes joutes internationales, notamment la Coupe du monde et les Jeux olympiques, lui sont devenues inaccessibles. Il est devenu si difficile de réunir des footballeurs représentatifs de la discipline que l?équipe nationale est désormais formée de joueurs qui évoluent dans les championnats européens privant du même coup les clubs locaux de leur vocation de vivier du football. Au lieu de cela, c?est la montée en cadence des actes de violence qui conduisent les instances du football à arrêter des sanctions punitives. Le championnat algérien, tous niveaux confondus, est l?un des rares au monde où les matches à huis clos, exceptionnels partout ailleurs, sont devenus une sanction systématique. Ce délitement a pu pousser un certain nombre d?acteurs de la scène footballistique à évoquer un championnat à blanc, voire l?arrêt pur et simple des compétitions. Ce serait une décision lourde à prendre, car elle ne serait pas sans conséquence politique. Le football est en effet une passion pour beaucoup d?Algériens et rien ne justifierait qu?ils soient verbalisés pour les errements de ceux qui ont la charge de cette discipline. Pour autant, cela n?empêche pas de réfléchir sur les causes de cette déliquescence pour transcender les seuls constats et prendre des mesures pour redynamiser la pratique et lui donner plus d?ambition qu?elle n?en a aujourd?hui. C?est nécessaire, parce que le football, et pas seulement en Algérie, est la locomotive du sport. Il sert aussi à construire de quasi héros positifs à l?image des membres de l?équipe du FLN dont le 50e anniversaire vient d?être célébré non sans une certaine nostalgie. Mais aussi avec le regret de ne plus voir sur les terrains des athlètes de cette trempe et de cette formidable force de conviction. Il ne faut pas tomber dans un excès de pessimisme qui consisterait à affirmer que, définitivement, leur exemple ne serait plus suivi par les nouvelles générations. En revanche, il y a un immense et patient travail de persuasion à mener pour que les jeunes footballeurs ne sacrifient pas les vertus de l?idéal qui ont nourri les esprits de leurs aînés. Le football ne doit pas et ne peut pas, dans un pays comme l?Algérie, être otage de l?argent et cela d?autant moins que c?est la puissance publique, et indirectement le contribuable, qui s?investit dans son financement : en retour, ce football, à défaut de résultats probants, qu?au moins la morale sportive en sorte sauve, a une vocation d?être exemplaire.
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