Algérie

Le déclic



L'équation algérienne pourrait trouver sa solution dans les tout prochains joursEn plus du quitus donné par la classe politique, il faut attendre celui des Algériens et de l'institution militaire.
Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès ont réussi, par un appel, à réaliser le consensus que des dizaines de rencontres partisanes n'ont pu accomplir, depuis le début de la crise institutionnelle que vit le pays. A l'exception de quelques voix qui s'accrochent à l'option strictement constitutionnelle, l'écrasante majorité des acteurs politiques a admis la pertinence de la démarche, le poids moral et politique de ses initiateurs et l'obligation d'un dialogue serein, sans exclusif et surtout «franc et honnête», comme l'ont relevé les trois personnalités dans leur courrier. Ce dernier a été adressé aux Algériens dans leur ensemble, mais plus précisément aux animateurs du mouvement populaire, aux partis politiques de l'opposition, mais aussi au commandement de l'ANP.
Même si l'institution militaire a déjà été destinataire de messages l'appelant à ouvrir le dialogue avec la classe politique, il est entendu que l'initiative du trio a ceci de différent est qu'elle émane d'autorités morales reconnues par tous les Algériens et qui, par leur «association», ont créé un déclic au sein de l'opinion ou, tout au moins, au niveau de la société politique. Il semble donc que Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès aient apporté l'ingrédient nécessaire à l'alchimie algérienne. Il faut dire qu'au vu de l'impact suscité par la missive du trio, il semble se produire quelque chose d'inédit, depuis la démission de l'ancien président de la République. Tout le spectre politique national leur reconnaissant le patriotisme, la compétence et l'impartialité, les trois hommes ont donc ceci d'incomparable: ils capitalisent, chacun dans son domaine de compétence, une riche carrière qui impose respect et considération.
Le fait qu'ils se soient mis ensemble pour interpeller l'armée, apporte au pays et même à l'institution militaire, l'opportunité d'actionner une nouvelle possibilité de sortie de crise, autre que la stricte voie constitutionnelle. En résumant, avec une maîtrise certaine de la formule, les desiderata de l'opinion nationale et de la scène partisane, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès ont réveillé «l'instinct» du dialogue qui a de tout temps constitué la clé des crises qu'a vécues le pays. Le génie du trio qui, en plus de peser lourd dans l'histoire de l'Algérie indépendante, aura peut-être été, d'éviter d'aller dans les détails. La simple formulation des points de convergence pour une sortie de crise, a créé le consensus, dont avait tant besoin le pays pour construire une alternative viable à l'option constitutionnelle, rendue obsolète par l'insistance des Algériens à rejeter la présidentielle du 4 juillet prochain.
Au quitus donné par la classe politique, il faut également attendre celle des Algériens qui s'exprimeront vendredi prochain. Il est évident que l'on ne peut pas «rêver un référendum», sans urnes, mais l'on saura les tendances dominantes au sein de la population. Les quelques jours qui nous séparent du 14e vendredi de mobilisation populaire seront féconds en débats sur les réseaux sociaux et sur les médias. La confrontation d'idées pourrait déboucher sur une opinion globalement favorable à l'appel du trio, sachant que la réponse de l'armée, très attendue, devrait intervenir dans les heures à venir, au plus tard, dans le courant de la journée de demain. L'on s'attend à voir Ahmed Gaïd Salah s'exprimer sur le sujet à partir de Ouargla où il est en visite de travail.
L'équation algérienne pourrait trouver sa solution dans les tout prochains jours, si à l'appui de la classe politique, de la société civile, de la population et de l'institution militaire, Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès parrainent le dialogue auxquel ils ont appelé, avec cependant quelques aménagements pour éviter de mettre l'ANP dans une situation d'acteur politique direct. Les options pour ce faire, sont nombreuses et relèvent de la technicité. Il suffit de laisser la volonté politique s'exprimer.
L'Algérie se dirige-t-elle vers ce scénario qui arrange tout le monde et permet une sortie de crise, avec un minimum de casse' On le saura dans les toutes prochaines heures...


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