Algérie

Le début de la fin



La nouvelle année commence sous les auspices d'un régime qui ne prépare pas une élection présidentielle, mais organise sa propre sortie de l'histoire. Si le respect de l'ordre constitutionnel était de permettre la reconduction d'un Président qui ne peut plus rien donner au pays, alors il faut déduire que l'option prise n'est pas de parachever un quelconque édifice électoral ou démocratique, mais de conclure un long cycle de pouvoir dont le bilan commence à peine à être établi.Depuis plusieurs mois, le système a multiplié les signaux d'une fin de règne. Il ne produit plus, à présent, que des menaces et des mises en garde contre la société qui bouge ou d'anciens responsables qui n'arrivent pas à concevoir que leur mise à la retraite équivalait à une mort cérébrale.
Les dernières décisions prises dans la plus grande solennité, au niveau gouvernemental, ne sont rien d'autre que d'énormes coups d'épée dans l'eau. A l'image du projet de loi adopté jeudi dernier en Conseil des ministres, prévoyant la création d'un pôle pénal financier chargé de la lutte contre la corruption. Pavée de bonnes intentions, la corruption est l'?uvre la mieux accomplie de toute cette gouvernance qui a sévi dans le pays depuis des décennies. Les routes, les équipements collectifs, les stades de football affichent presque au fronton les preuves tangibles d'une dilapidation effrénée des deniers publics. L'un des effets les plus fameux de la chape corruptrice est d'avoir laminé la vie politique nationale en dévitalisant des organisations initialement vigoureuses pour mettre en place un conglomérat semi-officiel, informe et sans identité.
Concomitamment à la déchéance du système, la classe politique qui lui sert d'assise sociale est en pleine perdition, même si elle feint de dominer le débat public. En fait d'activités partisanes, elle offre le spectacle affligeant d'un personnel en fin de parcours, ne s'embarrassant pas de changer d'avis entre deux discours et de projet après chaque injonction ou rappel à l'ordre du sérail. Ces personnalités politiques, ayant souvent frayé avec les départements ministériels, ont survécu aux scandales de corruption, mais ne survivront pas à cette pente fatidique qui voit le pouvoir se liquéfier sans espoir de se remettre sur pied.
L'alternance n'est pas au bout de ce processus «électoral» en cours, conforme aux textes et échéances régentés par le régime. Elle est en train de sourdre des tréfonds de la société. Elle gagnera inéluctablement les institutions et l'édifice politique après s'être imposée dans la vie associative, économique et professionnelle. La génération qui prépare son retrait dans la vindicte et les règlements de comptes s'était arrêtée à la légitimité révolutionnaire, avant de sombrer dans l'autoritarisme et la dilapidation des richesses. Celle qui arrive saura relever le défi de la démocratie, après avoir largement fait ses preuves dans le management et l'efficacité économique.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)