Algérie

Le débat entre la tarîqa et les tenants du wahhabisme ne fait que commencer



Il est incontestable que le colloque international ayant accompagné les festivités commémoratives du centenaire de la zaouïa alawiya de Mostaganem aura marqué une étape marquante dans la mystique musulmane. Sept jours durant, des scientifiques venus de pas moins de 35 pays, dont le lointain Japon, l'Indonésie, le Canada, les USA ainsi que les plus célèbres universités islamiques d'Orient, comme El Azhar qui sera représentée par trois spécialistes, ou Istanbul qui déléguera en la personne de cheikha Nour, l'unique femme musulmane à la tête d'une confrérie religieuse, qui fera une sublime lecture du message mystique à l'aune du grand maître soufi Jalel Eddine Rumi, rappelant, à maintes occasions, combien le message de l'Islam est un message de paix, de sérénité et de liberté.Dans sa communication orale « Le soufisme et la liberté », elle aura usé dans un langage tout en paraboles pour dire que cette notion aujourd'hui galvaudée doit se rapprocher des valeurs spirituelles afin de retrouver un sens dans la vie de tous les jours. Se référant à la Déclaration universelle des doits de l'homme, où l'homme est né libre, l'oratrice ajoutera que cela ne veut nullement dire qu'il a le droit de faire n'importe quoi, invitant l'humanité à plus de spiritualité afin de se libérer de ses pulsions et désirs. L'Egyptien Mahmoud Abou El Fayd, cheikh de la tariqa el faïdya, parlera du rôle des confréries religieuses dans la propagation de l'Islam dans des contrées les plus éloignées ; citant en exemple le continent africain, la Chine, les pays des Balkans, l'Inde ou l'Indonésie. C'est grâce aux valeurs de tolérance, de justice et d'acceptation de l'autre et de ses croyances, que les mystiques musulmans seront parvenus à conquérir les c'urs des populations rencontrées à travers les continents. Faisant de subtiles analogies entre bouddhisme et soufisme, le Dr Kojiro Nakamura, de l'université de Tokyo, mettra en évidence plusieurs similitudes, notamment dans leur quête perpétuelle de la purification de l'âme par l'adoration profonde de Dieu et une pratique du dikr (récitation) afin d'aider les adeptes à se rapprocher davantage du maître. Pour le Jordanien Mohamed Hassane Radaïda, se référant à l'exemple de la pratique du soufisme en Jordanie, c'est d'abord à la bonté que l'on doit la propagation du soufisme dans le monde musulman. Il aura également mis en exergue le rôle de l'apprenant et sa relation avec son précepteur.Il parlera également de la présence de nombreuses confréries en Jordanie, à l'instar de la tariqa alawiya qui est représentée par 14 zaouïas réparties sur le territoire jordanien. Dans une intervention improvisée, alors que cet intervenant ne figurait pas dans le programme initialement remis à la presse, Benazzouz Zebda fera d'abord l'éloge du soufisme, insistant particulièrement sur le cheikh Ahmed Ben Mostéfa El Alawi El Mestghanemi. Puis, rappelant l'effort colossal de l'actuel cheikh Adlène Khaled Bentounès, dont il soulignera la persévérance et la discrétion, tout en l'invitant, après avoir réuni les 5 continents ' allusion à ce colloque où, à l'exclusion de l'Australie-Océanie, tous les autres continents étaient dignement représentés ', l'ancien prédicateur islamiste abordera la polémique autour du livre Soufisme, l'héritage commun de Khaled Bentounès. Ce qui ne sera pas du goût du Dr Eric Geoffroy de l'université de Strasbourg, qui présidait la séance, qui invitera l'orateur à s'en tenir à la thématique développée, à savoir « La spiritualité et le soufisme ». Ce qui ne dissuadera nullement l'orateur qui dira en substance que cette polémique n'est pas le fait de l'Association des oulémas, mais qu'elle a été amplifiée par ceux qui l'ont propagée.Ainsi sans désavouer ses pairs de l'association, cheikh Zebda, aura subtilement fait porter le chapeau aux médias, responsables, selon lui, d'avoir accordé trop d'importance aux positions maintes fois réaffirmées de l'Association des oulémas, appelant instamment le cheikh à retirer les miniatures persanes ornant son dernier livre. L'ouvrage en question aura été une des incontournables attractions de ce colloque. D'autant que les organisateurs ont eu la bonne idée de le vendre au niveau du hall de l'auditorium Mohamed Benchehida, ce qui le mettait à la portée des 5000 congressistes.


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