Le danger israélien

Les Israéliens élisent aujourd'hui un nouveau Parlement. Elections oui, mais qui croira à un nouveau Parlement ' Très certainement pas les Palestiniens, qui ont décidé de changer de stratégie sans tourner le dos à d'éventuelles négociations si, bien entendu, celles-ci venaient à traiter du retrait israélien.Ce qui n'est pas le cas, voire ne sera en aucun cas le cas, la classe politique israélienne refusant dans son ensemble une telle perspective. C'est pourquoi, dit-on, un changement de majorité peut être envisagé au Parlement israélien, mais pas une reprise sérieuse du processus de paix. D'ailleurs, ne manque-t-on pas de relever, la question palestinienne était totalement absente de la campagne électorale. Plus que cela et même si cela relève de l'évidence depuis bien longtemps, il n'y a plus de clivage gauche-droite. «La gauche est désormais plus sioniste que socialiste», constatait avec amertume un historien israélien.Pour les élections d'aujourd'hui, les travaillistes se présentent sous un nouveau nom, l'«Union sioniste», tandis que les principaux partis sont désormais sionistes. Faut-il s'en étonner ' Très certainement pas, quand un Premier ministre a été abattu pour avoir décidé de faire la paix avec les Palestiniens et son assassin félicité par la société israélienne. Yitzhak Rabin, qui avait réprimé ? casser les bras des Palestiniens, disait-il alors ? la première Intifadha lancée en décembre 1987, n'était pas moins sioniste, mais voulait à tout prix régler ce conflit.Comme d'autres ? et parmi eux Shimon Peres, l'architecte du processus d'annexion des territoires palestiniens ? appréhendent une disparition d'Israël en raison du déséquilibre démographique et qui souhaitaient une solution à leurs conditions. Sauf que ceux qui leur ont succédé et même ceux qui constitueront la prochaine majorité s'opposent à la création d'un Etat palestinien et même à la solution dite à un seul Etat, donc dans le cadre d'Israël.Que deviennent d'ailleurs les partisans de la paix ' Bien que minoritaires, ils ont été stigmatisés et même qualifiés de traîtres, terrorisés et contraints au silence. Il y a des questions que personne n'aborde, comme les colonies israéliennes, certaines étant qualifiées d'illégales ? ce qui, à l'inverse, veut dire que toutes les autres sont légales ? alors que c'est tout le processus d'occupation qui est considéré comme illégitime par l'ONU. Ou encore celle des frontières d'Israël, maintes fois repoussées depuis le vote de l'ONU portant partage de la Palestine, le 29 novembre 1947.Et ce n'est pas en inventant des dangers ailleurs qu'Israël apportera la moindre solution. Personne d'ailleurs, même parmi ses alliés, n'accorde le moindre crédit à de telles considérations. Ce sont ces derniers qui appréhendent plus que jamais les conséquences du refus israélien, constatant que l'on ne naît pas extrémiste, mais qu'on le devient. C'est ce que proposeront les électeurs israéliens. Il y a donc un réel danger.