Algérie

Le cycle privatisation-nationalisation s'est déjà retourné Edito : les autres articles



L'Algérie est sortie du cycle où elle peut mettre 300 milliards de dinars par an en moyenne pour soutenir son parc d'entreprises publiques. Mais son gouvernement ne le sait pas. Il est même engoncé dans un accès «hyperpatrimonial». Il veut racheter des actifs cédés à des privés il y a dix ans. Observation-clé : il s'agit d'entreprises où des capitaux étrangers sont entrés dans la phase «réformatrice» de l'ère Bouteflika. De 2000 à 2005. Depuis, les acteurs étrangers sont dos au mur. Djeezy dans la téléphonie, ArcelorMittal Annaba dans la sidérurgie, Dorsch Holding GmbH, Linde Gas dans le gaz industriel, Eter dans la céramique, bientôt le groupement Fertial dans la production d'engrais. Les motivations algériennes ne sont pas univoques. Elles ne ciblent pas un type particuler d'investisseurs étrangers ni un secteur ou un montage capitalistique type.OTA est, au début de l'offensive du gouvernement, presque à 100% égyptien, ArcelorMittal est euro-indien et actionnaire majoritaire à 70%, Linde Gas est allemand et partenaire dans une joint-venture, de même qu'Eter est italien et partenaire majoritaire. La démarche algérienne de reconquête des actifs cédés, ou des investissements admis, propose deux lectures, deux moteurs aux antipodes. Alger sabre les Affaires étrangères qui marchent très bien et celles qui marchent très mal. Dans le premier cas, il s'agit de réduire le rapatriement des dividendes. Souci de balance des paiements.
Djezzy est emblématique de ce scénario. Dans le second cas, qui lui peut justifier l'intervention transitoire de l'Etat, il s'agit de sauver un réservoir d'emplois et un pan d'histoire industriel du pays. ArcelorMittal incarne ce profil. Trois constats à ce stade. Les investissements directs étrangers en Algérie ne sont pas suffisamment importants pour permettre de dégager une typologie des modèles d'affaires comparatifs. Un peu comme pour la négociation de l'adhésion de l'Algérie à la zone de libre-échange européenne, il y a sans doute eu des pactes d'actionnaires mal négociés au début des années 2000, lorsque l'équipe de Bouteflika voulait coûte que coûte se montrer sous de bonnes grâces vis-à-vis des Occidentaux. Cela ne suffit pas pour épiloguer. La sidérurgie a été plus frappée par la crise mondiale que la téléphonie.
Les privatisations au profit d'investisseurs étrangers ne sont ni un échec général ni un succès systématique à reprendre. Par contre la prétention du Trésor public algérien de racheter autant d'actifs étrangers, même là où l'emploi et la croissance sont assurés, arrive à son terme. Le nouveau cycle qui débute est à nouveau celui où l'argent public va devenir rare. Et où le transfert des charges du patrimoine public économique non efficient vers le privé va devenir un recours de finances publiques. Et tout le problème gît ici. Le gouvernement privatise ou nationalise en fonction de l'idée qu'il se fait de ses revenus du moment. Pas pour créer un flux vertueux d'affaires, de création d'emplois et de nouveaux revenus fiscaux pour l'Etat. En ce moment, il se croit encore riche. Il ne l'est plus pour longtemps.


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