Algérie

Le cycle des démiurges


La date du renouvellement des Assemblées populaires communales arrive à grands pas. Le jour du scrutin généralement étant un moment exceptionnel en émotions, jadis les vieux briscards comme moi tiraient de leurs armoires, leurs vieux costumes (si bien décrit, chanté par Serge Reggiani), cravate et chaussures noires bien cirées pour aller glisser dans l'urne un bulletin de vote.
On dit que c'est un devoir qui confère à «l'humble», pour une journée, le pouvoir politique. Aujourd'hui, malheureusement, l'électeur est ce simple citoyen qui, selon Y. Wehrling et H. Dreikaus, «est un être virtuel qui se met à exister à des moments précis du calendrier et qui est subitement doté du pouvoir suprême de changer le monde». A une époque révolue, il détenait certainement ce pouvoir de changer les choses, mais aujourd'hui un immense fossé s'est creusé entre les institutions et lui. Le désamour dont souffrent les mécanismes traditionnels de la représentation est entre les mains d'une nouvelle vague de démagogues qui utilisent les ondes et l'image pour haranguer les électeurs de voter en masse avec en prime un sac de promesses à la saint glinglin. La méfiance des citoyens à l'égard de leurs élus est caractéristique des périodes au cours desquelles l'ampleur du mécontentement ne facilite plus au pouvoir politique d'assumer pleinement ses prérogatives avec la même efficacité qu'en période d'extase. Justement, au niveau de la commune, lieu de dialogue par excellence, parce que plus proche des préoccupations des citoyens, la représentativité est presque inexistante. En effet, le fonctionnement de nos APC conformément aux dispositions régies par les textes ne peut être garanti sans associer les citoyens. Ceux-ci rebutés par des élus devenus aphones, sont souvent démotivés et peu intéressés dans un engagement actif. Les élus et les citoyens se regarderont en chiens de faïence. Les premiers cités une fois aux commandes prendront de la distance vis-à-vis de l'opinion, se confinant dans un mutisme total. Les seconds auront la nette conviction de ne plus être écoutés et c'est ainsi que grandira le désintéressement. Les citoyens, dès lors, atteints d'une sorte d'apathie, hésiteront d'accorder un quelconque crédit aux différents programmes annoncés en grande pompe. Un terrain propice au développement de dangereux corporatismes.
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